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Accident nucléaire : Des plans d’évacuation à améliorer selon l’ANCCLI

Les conditions d’évacuation des personnes dans un rayon de 30 kilomètres autour d’une centrale accidentée, doivent être améliorées. C’est la conclusion des résultats croisés des études du Comité scientifique de l’ANCCLI et de l’ACRO ,

Le premier point sur lequel insistent les études demandées par l’Association des CCLI est l’âge des centrales et leur niveau de sécurité.  L’ANCCLI souligne l’ampleur du défi consistant à amener le parc actuel au niveau de sûreté exigé pour de nouvelles installations, compte tenu de l’écart entre leur conception et celle des nouveaux réacteurs.

Par exemple, les piscines de stockage et de refroidissement du combustible des centrales actuelles ne bénéficient pas du niveau de sécurité de celle de l’EPR. Pour l’ANCCLI, les piscines devraient en bénéficier, au même titre que la partie réacteur, un tableau de bord doit également lister les évolutions visées pour les réacteurs 900Mw dans le cadre des quatrième visites décennales au bout de 40 ans de fonctionnement. Les écarts éventuels entre ce référentiel « VD4 900 » et le référentiel « EPR » doivent être rendus publics.

Date d’arrêt des réacteurs

L’ANCCLI souhaite que l’ASN précise, réacteur par réacteur, la date à laquelle l’exploitation devra s’arrêter en l’absence d’autorisation de poursuite d’exploitation rendue par l’ASN.

 

• Sur les Plans Particuliers d’Intervention (PPI)

L’ANCCLI juge le périmètre des PPI (Plan Particuliers d’Intervantion) inadapté. Le PPI autour de la centrale de Gravelines (commune de 10 000 habitants) concerne environ 25 000 personnes. Or, la centrale est située à 25 km à l’Ouest de Dunkerque et à 25 km à l’Est de Calais. Mais ni la ville de Dunkerque ni celle de Calais n’entrent dans la PPI de Gravelines… A l’heure d’Internet, certains PPI locaux ne sont toujours pas disponibles en ligne. En cas d’accident nucléaire grave, les populations riveraines ignorent les mesures de protection prévues et ne réagiront probablement pas comme attendu.

L’information des populations

Les PPI prévoient des moyens d’alerte complémentaires : des sirènes mises en œuvre par l’exploitant sous la responsabilité du préfet dans un rayon de 2 km, un système d’appel des populations sous la responsabilité du préfet (SAPPRE), mise en œuvre du Réseau National d’Alerte (RNA) et d’Engins Mobiles de diffusion d’Alerte (EMA), conventions avec les médias (chaînes de radio et télévision).

Ces dispositifs sont limités au territoire français. Pour les installations proches des frontières, l’information est uniquement transmise aux autorités du pays limitrophe, qui devront prévenir leurs médias et citoyens. Lors de l’exercice réalisé autour du centre nucléaire de Gravelines, le 18 janvier 2011, le système d’alerte a été testé : 6000 abonnés ont été appelés en cinq minutes. Environ 71 % des appels ont abouti.

La CLI de Gravelines demandé qu’un tel système soit étendu à un périmètre plus large, au moins de 5 km. Elle a également noté qu’elle ne figurait pas dans les numéros appelés.

Le Plan national français précise aussi que « la communication doit être réactive et anticiper les besoins des médias et de la population, notamment sur les zones contaminées afin de permettre aux citoyens, ainsi qu’à leurs proches, de se situer par rapport à l’accident. Les acteurs de la gestion d’une crise nucléaire doivent être à l’écoute de la population », mais rien n’est dit sur les moyens mis en œuvre pour atteindre ces objectifs.

Les maisons en bois ne protègent pas suffisamment de l’exposition externe et une mise à l’abri n’y est pas conseillée. Il en est de même pour les nombreux lieux de travail aux parois métalliques. Comment les autorités françaises comptent-elles faire pour ces cas là ? Surtout quand il y a des enfants, plus sensibles aux radiations.

L’évacuation des populations

L’ANCCLI note aussi des lacunes sur le plan de l’évacuation. Le plan national recommande d’allier « une évacuation des personnes autonomes par leurs propres moyens dans le cadre fixé par les pouvoirs publics à une prise en charge collective pour les personnes non autonomes (doctrine des évacuations massives) ». Cependant, les anciens PPI précisent qu’il faut rejoindre la zone de rassemblement où des transports assurent l’évacuation de l’ensemble de la population.

Aucune estimation des temps d’évacuation autour des installations nucléaires n’a été effectuée. Le temps le plus court pour évacuer la population vivant dans un rayon de 30 km autour d’une centrale est de 8 heures au Japon. Pour la centrale de Hamaoka ( 740 000 personnes dans un rayon de 30 km), l’évacuation complète pourrait prendre jusqu’à 6 jours dans les conditions les plus pénalisantes.

La population est encore plus nombreuse autour des centrales du Bugey et de Fessenheim. De estimations doivent donc être effectuées, rendues publiques et expliquées aux riverains. Cela leur permettrait de comprendre l’intérêt d’attendre à l’abri et de n’évacuer que lorsque c’est son tour. Cette évacuation spontanée n’est jamais évoquée dans les plans d’urgence français. Elle devrait être étudiée.

Lieux d’accueil en cas d’évacuation

Deux types d’accueil sont définis dans les Plans Particuliers d’Intervention : les Centres d’Accueil et de Regroupement (CARE) et les centres d’hébergement. Leur différenciation n’est pas toujours très claire dans certains PPI et peu d’entre eux en donnent une liste.

Dans la plupart des PPI, les CARE identifiés sont situés dans le périmètre du PPI. Ils devraient pourtant être situés hors de la zone de risque. Au-delà du problème d’hébergement, sujet d’autant plus important que la durée d’éloignement pourra être longue, c’est toute la gestion liée à la prise en charge des réfugiés qu’il convient de considérer : alimentation, soins, prévention des épidémies, aide aux personnes vulnérables, etc.

Principale source d’information des populations riveraines sur les installations nucléaires à travers les 36 Commissions Locales d’Information, l’ANCCLI souhaiterait être tenu informée des risques en matière de sécurité nucléaire et, notamment, en cas de malveillance. L’ANCCLI a déposé un amendement au projet de loi du 5 février 2015, du Député De Ganay, sur le renforcement de la protection des installations civiles abritant des matières nucléaires. L’amendement propose de prévoir explicitement d’informer les CLI dans le domaine de la protection contre les actes de malveillance, à deux niveaux : – en ajoutant à l’article L125-25 du Code de l’environnement que lors de tentatives avérées d’intrusion, l’exploitant doit informer la CLI rattachée à l’installation nucléaire visée ; – en ajoutant, dans l’article L125-27 du Code de l’environnement, que les CLI peuvent saisir l’ASN et les ministres compétents sur toutes les questions relatives à la sûreté nucléaire et à la radioprotection ainsi qu’à la protection contre la malveillance.

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