A Dori, ville du Sahel burkinabé, des bovins, des moutons, des chèvres, s’étouffent en avalant
des sacs de plastique. C’est une perte pour les propriétaires qui s’adonnent à un élevage parfois très urbain. Mais ces pertes sont aussi un des leviers qui ont permis à la ville de Dori, avec les autorités locales et l’association Echanges Sahel de forger les maillons d’un plan local d’assainissement.
C’est l’aboutissement d’un long travail, mené en grande partie par l’association Echanges Sahel, créée à Annecy le Vieux en 1987, pour aider alors, les habitants victimes de la sécheresse. Aux envois de livres, à la construction d’un dispensaire et d’une école se sont ajouté des actions concernant l’environnement. Les années quatre vingt dix ont été celles des tâtonnements difficiles, comme la tentative de mise en place d’une collecte de déchets.
En 2000, les partenaires ont voulu faire le point pour donner davantage de cohérence aux relations.L’assainissement a été retenu comme un axe prioritaire car malgré sa faible visibilité, c’est un socle d’une politique de santé et d’une politique environnementale.
L’approche globale a démarré en 2002, quand appel a été fait à l’Institut International de l’Eau et l’Environnement (Ouagadougou, Burkina Faso) qui forme des ingénieurs pour la sous-région. « Des étudiants ont réalisé des mémoires de fin d’études sur les déchets, sur les eaux usées, sur les eaux pluviales» explique Pascale Rouxel, co-présidente de l’association Echanges Sahel. A Dori, l’association a travaillé avec le Centre Régional d’Education à la Santé et l’Assainissement ( CRESAL) qui a contribué a établir diagnostic et préconisations.
Population en croissance
« Le point d’entrée a été le bétail, dans une région d’élevage où la population est appelée à croître. La mise en service d’une route goudronnée passant par Dori et reliant Ouagadougou au Mali et au Niger va amener des habitants, donc des déchets, donc des sacs” explique Pascale Rouxel.
Pris en charge par Echanges Sahel, Laurent Sinaré, le fonctionnaire du CRESA est devenu directeur des Services Techniques de Dori, avant même l’embauche du premier agent. Grâce à des financements burkinabé, français et danois, le travail d’études a défini les bases du futur système. « Un enseignant chercheur de l’IIEE a réalisé l’étude d’impact de la décharge contrôlée. Une campagne de sensibilisation a été menée en direction de la population avant le lancement de la collecte, avec des spots radio, du théâtre, par la biais de groupement de femmes. La collecte a été préparée avec la construction de charrettes, la mise en place d’un système de pré-collecte, d’un système d’abonnement pour les ménages» précise Pascale Rouxel.
Valorisation des sacs de plastique
Une partie des déchets vont dans la décharge contrôlée. Des plastiques sont valorisés, sous forme de cordes pour les éleveurs pour les sacs, ce qui représente la plus grosse partie du gisement. Un autre type de valorisation est en cours d’études pour d’autres matières plastiques.
D’autres actions sont prévues. Pour l’assainissement, le traitement des eaux usées, la coopération technique impulsée par Echanges Sahel est soutenue depuis son démarrage par la Ville d’Annecy-le Vieux a aussi développé une approche globale. Elle comprend une aide pour aider les ménages les plus pauvres ( à hauteur de 80% grâce entre autres à ONU Habitat) a réaliser des latrines aux normes. Les artisans locaux sont mis à contribution pour la construction. Un système de collecte des boues doit être mis en place, et aboutir à leur traitement et à leur valorisation.
Eaux pluviales: éviter les inondations
Les eaux pluviales sont le troisième volet de l’action d’Annecy-le-Vieux à Dori. Paradoxalement, une partie de l’agglomération sahélienne est inondée pendant la saison des pluies. Il faut ici, remplacer des marigots par des mares, mais des mares aménagées pour éviter des usages susceptibles de polluer la nappe, d’attirer des troupeaux que les autorités souhaitent établir plutôt en périphérie. On peut aussi envisager de surcreuser des mares, pour y créer une éventuelle ressource en eau. Mais c’est la suite de l’histoire qui est loin d’être finie.
En vingt ans, une poignée d’habitants d’Annecy-le-Vieux, soutenue par la ville, a contribué à changer Dori. Cette coopération se poursuivra. Une convention a été signée le 15 décembre entre la Ville d’Annecy le Vieux et le Ministère des Affaires Etrangères français pour financer de nouveaux volets d’une relation décentralisée durable.
Pour en savoir plus sur l’Intitut International Eau et Environnement : http://www.2ie-edu.org/
Pour en savoir plus sur les coopérations décentralisées en Rhône-Alpes : www.resacoop.org
Sur Annecy-le-Vieux :http://www.ville-annecy-le-vieux.fr/portail/index.php?option=com_content&task=view&id=420&Itemid=133
Contact avec l’association Echanges et Sahel Pascalerouxel@aol.com