Des experts de la Commission européenne viennent le 16 octobre faire le point sur le programme LIFE en faveur de l’Apron, un poisson endémique du Rhône menacé par les transformations du fleuve. Un programme LIFE nature ( 3,5 millions d’euros) financé à 45% par l’Europe aidera à développer cette espèce, et d’autres en même temps.
La pollution du Rhône par des PCB retenus dans les sédiments du fleuve prouve que la qualité des eaux est une longue bataille. Une bataille engagée depuis de longues années par les défenseurs de la nature. Un combat qui avance, lentement, par exemple pour l’Apron.
Des experts de la Commission européenne seront mardi 16 au Conservatoire régional des espaces Naturels ( CREN) de Rhône-Alpes, à Vourles ( Rhône) pour faire le point sur ce programme largement financé par l’Europe dans le cadre de LIFE ( Ligne d’intervention financière européenne)
L’Apron est un petit poisson endémique du bassin du Rhône: cela signifie qu’on ne le trouve que dans le fleuve et dans ses affluents. Ou du moins trouvait. Car depuis le début du vingtième siècle, les populations d’Aprons ont reculé. Présent depuis 8 millions d’années, l’espèce proche de la Perche a régressé dramatiquement.« On estime que les linéaires adaptés à la vie de l’Apron ont diminué de 80%» estime Marion Langon, responsable du programme Apron Life au CREN.
« L’Apron a besoin de radiers, des secteurs peu profonds, de graviers, d’eau très oxygénée, où a lieu le frai. Il a aussi besoin de secteur d’eau plus profonde et plus calme» explique Marion Langon. Or, cette variété de milieux a disparu : les barrages, hydroélectriques ou non, ont submergé des radiers, rendu d’autres secteurs trop profonds, les rectifications, les creusements, les calibrages ont fait le reste.
On ignore le niveau exact des populations, mais on sait ce qu’il faut faire pour favoriser celles qui restent dans le Rhône, et surtout dans la Drôme, l’Ardèche, son affluent la Beaume, et dans la Loue, affluent du Doubs, lui-même affluent de la Saône. On trouve aussi des aprons dans la Durance et dans le Verdon.
Le principal problème, c’est que l’Apron qui ne va jamais dans les têtes de rivières, se retrouve parfois isolé, coincé entre des ouvrages qui empêchent les populations de se déplacer.
Décloisonner
Le programme LIFE, lancé pour cinq ans depuis septembre 2004, après une phase d’étude, a montré qu’il fallait décloisonner les milieux. » Il a fallu mettre au point un système de passes adapté à l’Apron, qui un poisson plutôt petit, qui ne saute pas» explique Marion Langon. Les essais réalisés avec des aprons d’élevage ont été concluants. En 2008, cinq passes commenceront à être construites : une sur la Loue, trois sur l’Ardèche, une sur la Drôme.
Une passe peut coûter jusqu’à 1 million d’euros, d’autres seulement 300 000 euros. Mais l’investissement qui semble onéreux profite à l’ensemble des espèces et permet une requalification globale des cours d’eau. C’est ce qui convainc parfois les collectivités locales de s’associer aux actions en faveur de l’Apron. Au total, le programme LIFE Nature Apron représente un investissement de 3,5 millions d’euros, apportés à hauteur de 45% par l’Europe, à hauteur de 25% par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, mais aussi par le Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement Durable ( MEDAD).
L’action en faveur de l’Apron illustre le travail réalisé depuis depuis plusieurs années en faveur de la restauration des cours d’eau. La loi sur l’Eau et les milieux aquatiques (LEMA), promulguée à la fin de 2006 a parmi ses objectifs d’atteindre le bon état des eaux d’ici 2015, conformément aux directives européennes. Le Plan Rhône, projet global de développement durable, da été adopté pour y contribuer au travers de ses différents volets thématiques, dont le volet Qualité des eaux, ressources et biodiversité.
Michel Deprost
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