Ils sont quelque cent exposants du salon Expobiogaz, installés au bout du hall 4, après les industriels du solaire. On voit que la filière démarre. « Le marché français est encore timide » commente Benoît Duplay ingénieur d’affaires de Pro2 Environnement, filiale française installée à Romans-sur-Isère (26), de ce constructeur allemand de stations de cogénération. Ils exploitent en Rhône-Alpes plusieurs décharges comme à Saint-Etienne ou Roussas dans la Drôme et une station d’épuration à Chambéry. Le gisement est énorme, 100 000 habitants produisent 15 000 tonnes de déchets valorisables, soit l’équivalent GNV1 de la consommation de 30 bus pendant un an.
Injection de bio-méthane sur le réseau, on en est au début
A cela, il faut ajouter les procédés de méthanisation à partir de déchets agricoles ou industriels. Ces unités produisent du biogaz, qui peut être utilisé dans des moteurs de cogénération pour produire de la chaleur et de l’électricité. Purifié de son CO2 et des impuretés, il va pouvoir être injecté sur le réseau comme bio-méthane. Chez GRTgaz on recense 30 demandes de connexions au réseau de transport (300 demandes chez GrDF sur le réseau de distribution). Ce ne sont que des demandes pour l’instant, car seuls deux projets ont vu le jour en France, un à Lille et celui de Méthavalor initié par le Sydeme2 de Forbach (57). Air Liquide a livré là-bas en avril 2012, sa première unité d’épuration de biogaz pour injection de bio-méthane dans un réseau de gaz naturel.
Des procédures d’autorisation plus rapides chez nos voisins allemands
Dans un projet d’unité de méthanisation, il faut trois ans en France pour instruire le dossier administratif, demande de permis de construire, procédure de classement ICPE3, alors qu’un an suffit en Allemagne. Chez nos voisins le marché est plus développé. C’est une explication à la diversification de l’entreprise Serge Ferrari, fabricant de matériaux composites souples à La-Tour-du-Pin, qui se partage le marché allemand des membranes d’étanchéité de digesteurs avec deux autres concurrents. « Cela ne représente qu’une petite partie des 160 M€ de notre chiffre d’affaires, mais notre croissance est de 20% par an » explique Anne-Laure Marie Robin, chef de produit. Serge Ferrari vient d’être distinguée par Expobiogaz, pour sa dernière innovation, la membrane 47.39 ZE, qui laisse passer moins de 30 cm3 de méthane par m2, là où les standards sont à 200 cm3.
Le gaz naturel véhicule, gros marché potentiel
Pour les véhicules à gaz naturel, là-aussi le marché français est tout jeune. Cela excite les appétits des étrangers, telle cette entreprise de Vancouver dont la filiale française est lyonnaise, Westport, qui s’annonce comme le leader mondial des moteurs à gaz naturel. Ce sont effectivement eux qui équipent, en joint-venture avec Cummins, les camions bennes de Renault Trucks. Ceux-ci deviennent alors moins polluants et plus silencieux. Westport a développé un procédé d’injection à haute pression, conservant au moteur les mêmes caractéristiques qu’un moteur diesel (puissance, couple,…).
« Aux Etats-Unis, les fournisseurs de gaz naturel tels que Shell, Clean Energy ou Chesapeake sont en train d’équiper les stations-service en bordure d’autoroute » explique Nadège Leclercq, directeur du développement Europe de Westport. Un beau développement en perspective pour la France.
1 GNV : Gaz Naturel Véhicule
2 Sydeme : Syndicat Mixte de Transport et de Traitement des Déchets Ménagers
3 ICPE : Installation classée pour la protection de l’environnement