Truck and Bus Forum : l’appellation est un peu barbare. La rencontre tenue pendant deux jours au Palais des Congrès de Lyon peut sembler une réunion d’initiés. Certains voudraient que le Forum soit le « Davos » du camion et du bus pour la ville. En fait, les penseurs et stratèges mondiaux du secteur ont parlé de réalités concrètes : trouver des solutions pour rendre les villes vivables, en y transportant mieux, habitants et marchandises.
Le débat est planétaire. Il n’est pas abstrait. Gérard Collomb, sénateur maire de Lyon a rappelé que 80% la population européenne vit dans des villes qui produisent 85% de la richesse. Des villes où les embouteillages coûtent chaque année 100 milliards d’euros, soit un pour cent de la richesse de l’Union à 25. Des bus propres et attrayants, des camions adaptés aux villes : le besoin est mondial. Car la réunion ne remet pas en cause les flux industriels actuels, caractérisés par des échanges croissants, qui ne sont tolérables que si l’environnement les supporte.
Un secteur régional
Toujours est-il que les entreprises régionales sont bien positionnées sur ce marché, a rappelé Jean-Jack Queyranne. Rhône-Alpes possède des constructeurs de taille mondiale ( Renault Trucks, Irisbus) des centaines de fournisseurs, des centres de recherche, un pôle de compétitivité, un cluster. La Région peut donc contribuer à trouver des solutions pour les bus et les camions de demain, et développer ses emplois dans le secteur.
Car les camions sont indispensables. A condition qu’ils soient propres. C’est sûr le transport routier n’est pas parfait. Loin de là. Mais les représentants du secteur insistent sur les progrès : les camions consomment moins, polluent moins, ne sont « impliqués « que dans 11% des 41 000 morts des routes européennes.Ivan Hodac , le secrétaire général de l’Association européenne des constructeurs reconnaît qu’il y a encore beaucoup à faire . Il insiste aussi sur l’avance technologique des constructeurs européens, qui veulent rester présents sur les marchés mondiaux, sans être sacrifiés dans les négociations commerciales internationales, sans voir leurs brevets et innovations pillés.
Il y aura toujours des camions
Des camions, il y en aura, même si on utilise la voie d’eau et le rail « Le camion fait les premiers et les derniers kilomètres». Autant qu’il les fasse proprement.
Et là l’Europe rappelle qu’elle veille. Jacques Barrot, commissaire européen aux Transports, a rappelé dans un message vidéo la stratégie de l’Union. La Commission a publié le 25 septembre un « livre vert » ( indiquant ses projets) qui insiste pour que la « mobilité urbaine soit plus fluide et moins polluante ». L’Europe comprend les restrictions de circulation, les zones vertes protégées du trafic, les péages urbains, rappelle Jacques Barrot. L’Europe va préciser sa politique en 2008 pour que s’organise une politique commune.
Les constructeurs sont prêts
Les entreprises européennes au moins joueront cette stratégie, et veulent éviter que des investissements en infrastructures, échappent trop à la route. Jean Plénat, pdg d’Irisbus a expliqué les attentes du constructeur de bus. Stéfano Chmielewski, pdg de Renault Trucks, a rappelé l’effort de recherche de son groupe : 1200 ingénieurs et techniciens. « Les solutions techniques existent, nous pouvons investir massivement, mais nous ne pouvons le faire seuls . Nous attendons un signe des producteurs de carburant».
L’amélioration du système de transport est globale. Elle touche les camions, les infrastructures, la gestion du trafic qui doit être intelligente, mais aussi l’énergie. Agro-carburants, hydrogène, électricité : les choix ne dépendent pas des constructeurs. Ils dépendent aussi du politique.