Comment la chimie se situe-t-elle en Rhône-Alpes?
Jean-Louis Martin: La France est le cinquième pays chimique au monde et le deuxième eu Europe derrière l’Allemagne, et Rhône-Alpes est la première région chimique, avec 500 entreprises, 32 000 emplois, chaque emploi direct représentant trois emplois induits.
Le tissu régional a évolué depuis que les deux grands acteurs historiques nationaux Rhône-Poulenc et Atochem ont engagé des restructurations d’activité sur le territoire pour se développer dans les grandes régions économiques du Monde (Amérique du Nord, Amérique du Sud, Asie). Il est composé de grands groupes et pour 70% d’ETI, de PME et d’entreprises patrimoniales.
Que deviennent les grands sites ?
Même si la France ne compte pas de très grandes plateformes chimiques contrairement à ce que l’on voit en Allemagne, aux Etats Unis, en Chine, la plus grande plateforme française est en Rhône Alpes. Ces plates formes intégrées, apportent un surcroit de cohérence et même d’économie dans l’optimisation des flux et dans la mutualisation des services industriels.
En France, le secteur de la chimie est historiquement réparti sur le territoire.
Seul Rhône Alpes constitue un ensemble cohérent réparti sur cinq bassins (vallée de la Chimie au sud de Lyon, le secteur de Roussillon, le sud de Grenoble, la Plaine de l’Ain et la zone de Saint Etienne). Les activités sont liées entre elles, et tous ses bassins échangent des flux entre eux.
Pour les plates formes sont-elles importantes ?
Dans le sillage des Etats Généraux de l’Industrie, un Comité Stratégique de Filière Chimie-Matériaux a été mis en place au niveau national, puis un Comité Régional Chimie en Rhône-Alpes. Un groupe de travail sur les plates formes a justement été mis en place, aux côtés de groupes sur les matières premières et l’énergie, sur le dialogue social, sur l’emploi et la formation.
La notion de plate forme est importante pour plusieurs raisons.
D’une part les plateformes chimiques sont déjà inscrites sur le territoire et bénéficie d’un savoir faire en matière de maitrise de la sécurité et del’environnement.
Des surfaces se libèrent sur ces plates formes souvent déjà équipées, il faut donc y organiser l’accueil et le développement de nouvelles activités industrielles chimiques et en particulier celles issues de l’innovation.
Quels sont les avantages d’un fonctionnement mutualisé ?
Les entreprises chimiques ont besoin de quantités importantes de matières premières et elles livrent des produits. Elles le font dans une large mesure par des pipes, le rail ou le transport routier
Il est important pour la chimie d’être en aval du vapo craqueur de la raffinerie de Feyzin, qui permet de fournir certaines matières premières de base. Les établissements peuvent créer de nombreux échanges et de nombreuses complémentarités, pour l’énergie, les utilités, certains produits ou sous produits mais aussi pour les compétences humaines
Que faut-il attendre de l’innovation sur les process, de la chimie verte ?
L’innovation est importante mais la transition n’aura lieu que progressivement. Il faut innover, et notre région dispose de compétences très importantes en recherche et développement avec 25% de la recherche chimie française, ainsi que le pôle de compétitivité Chimie-Environnement Axelera. Il faut orienter les fruits de ces innovations vers une industrialisation territoriale en s’appuyant sur les nombreuses PME et Entreprises de taille intermédiaire. Et il ne faut pas oublier la compétitivité.
Quels sont les facteurs de compétitivité ?
Le coût de la main d’œuvre est évidemment important, de même que les couts liés aux évolutions réglementaires environnementales.
L’un des facteurs essentiels est le prix de l’énergie et des matières premières. Il faut prendre conscience de ce qui se passe aux Etats-Unis ou le prix du gaz a chuté, grâce aux gaz de schistes, et représente le cinquième de ce qu’il est chez nous, ce qui permet aux Etat Unis de connaitre un regain d’industrialisation.
Recueilli par michel.deprost@enviscope.com