Plusieurs associations de défense de l’environnement de l’Isère expriment leur désaccord avec un arrêté pris par le préfet de l’Isère le 4 décembre dernier. Cet arrêté fait suite au piégeage à l’automne 2007 d’un spécimen de Chrysomèle du maïs (Diabrotica virgifera virgifera Le Conte), un insecte ravageur du maïs, sur la commune de Saint-Nazaire-les-Eymes. Le préfet a pris un arrêté rendant obligatoire la lutte contre la Chrysomèle en Isère et définissant le périmètre et les mesures autorisées de lutte.
Assolement et insecticides
L’arrêté du 4 décembre 2007 prévoit dans la zone centrale d’une distance de un km autour du champ où un spécimen de Chrysomèle a été découvert. Il prévoit l’obligation d’assolement, une technique simple préconisée en agriculture biologique. Aucune culture de maïs ne devra être menée sur le secteur en 2008 et en 2009. Cette technique a pour but de priver de milieu, des larves d’insecte qui auraient été produites en cas de présence de plusieurs individus mâle et femelle. L’arrêté prévoit une lutte obligatoire à l’aide d’insecticides contre les larves et les adultes en 2008.
Dans la zone de “sécurité”, d’un rayon de 5 km autour de la zone centrale, l’obligation d’assolement peut être remplacée par l’obligation d’effectuer une lutte à l’aide d’insecticides contre les larves et les adultes en 2008. Dans le Grésivaudan, le traitement à l’aide d’insecticides tels que la deltaméthrine sur les plants ou la téfluthrine, sont à l’étude. Le cruiser, ( NDLR: qui a reçu une autorisation de mise sur le marché ) est aussi évoqué et les associations ne sont pas d’accord. Les associations estiment ces pesticides non seulement très dangereux pour la santé humaine mais aussi contre des insectes non cibles. Les associations estiment que les insecticides sont dangereux pour les abeilles en particulier.
Le communiqué des associations exprime aussi l’inquiétude des apiculteurs qui redoutent de perdre leurs récoltes. Des agriculteurs qui utilisent la lutte biologique avec les insectes présents sur site ou parfois importés pourraient aussi perdre ces auxiliaires et se demandent qui indemnisera leurs pertes difficiles à chiffrer. Les associations soulignent que parmi les zones de traitements prévues se trouve le marais de Montfort, classé en Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope et en Espace naturel sensible du département de l’Isère. La marais abrite trois papillons protégés et inscrits à la Directive Habitats.
La FRAPNA, l’ALLIANCE Paysans et Consommateurs de l’Isère, la LPO, l’ADABIO et AVENIR préconisent de mettre en œuvre la rotation des cultures. Les associations demandent de développer “la recherche sur les variétés de maïs ayant gardé la propriété originelle du maïs d’attirer des nématodes prédateurs de la chrysomèle en cas d’attaque, et d’étudier des solutions de lutte biologique par des nématodes et acariens naturellement présents dans nos sols”
Nous n’avons pas questionné la Préfecture de l’Isère sur ce dossier. Mais pendant l’été 2007, à la suite de la découverte d’autres spécimens de Chrysomèle, en Savoie et dans le Rhône, des épandages d’insecticides avaient été effectués. Ces épandages, avaient provoqués des réactions négatives en Savoie, mais l’administration avait insisté sur l’urgence de la réaction, face à un insecte contre lequel la lutte est très difficile, une fois une colonie installée.