2009 : vive la révolution économique ! par Gérard Clément, Force Ouvrière

L’entrée dans l’année 2009 se fait dans la morosité. Le mot Crise est devenu « tendance ». Décliné sur tous les tons. Economique, financière, sociale ses contours se mélangent, se séparent au gré des analyses et des opinions. Tout juste si elle ne devient pas mystique. Rédemption des années « bling-bling » par la souffrance collective pour racheter les erreurs du passé. Le système marchait sur la tête, pardon sur la bulle. Logique il se casse la gueule. Fin de règne. Vient le temps de la révolution.


Fin d’un système !!! « Il ne peut y avoir révolution que là où il y a conscience » a dit Jaurès. La conscience de l’absurdité de l’idéologie néolibérale est là au point de voir des mots réapparaître que l’on croyait disparus. Tiens par exemple « plan de relance ». Trouver Plan et relance dans la même expression montre bien que la révolution est en marche. Enfin !!!


L’économie se découvre science inexacte. Elle revient à ses bases de la constatation en attendant d’être la base de la contestation.


Fin d’un système !!! Fin obligatoire : 20 ans après le mur de Berlin, au tour de celui du néolibéralisme de s’effondrer. Fin qui va entraîner la révolution des esprits, la révolution de la pensée économique, les «ex-gourous de la pensée néolibérale mondialisatrice » sont en passe de monter sur l’échafaud de la révolution en marche. La régulation devient la nouvelle guillotine pour les partisans de l’Ancien régime. Oui mais la question reste entière quel nouveau régime économique va émerger ?


La future révolution économique indispensable


A nouveau régime économique, nouvelle doctrine qui sous-tend les actes. Les « discoureurs patentés » qui vantaient hier la concurrence comme vertu cardinale se découvrent humanistes. Il faut mettre l’Homme au centre de l’économie. Très bien mais quel homme ? Un seul, quelques-uns ou tous ? La crise est « systémique ». Donc il faut changer le système. Se pose alors la question fondamentale de quel partage des richesses : loi du plus fort, méritocratie, ou redistribution solidaire et collective ? Le choix est là inévitable, crucial. Il se pose en termes de rapport entre capital et travail.


Ce rapport il est nécessaire de l’inverser. La valeur « travail » qui a nourri la mourante social-démocratie se mesure d’abord en espèces sonnantes et trébuchantes. La répartition entre capital et travail doit être inversée en faveur du travail. C’est l’enjeu essentiel du choix. La redistribution des revenus du travail entre collectif et individuel en sera la deuxième étape. C’est toute la logique de la « marchandisation » qui est à battre en brèche. C’est le fondement de la future révolution économique indispensable.


Nouvelle logique


Les remèdes apportés jusqu’ici ne seront que « cautères sur jambe de bois » si au fond la logique économique ne s’inverse pas. Si la « mondialisation » basée sur le coût du travail ne change pas justement de base. Si elle continue alors ce sera la « guerre » économique bien entendu mais aussi la guerre tout court. C’est la leçon de l’histoire du XX° siècle. 1929 a donné la 2° guerre mondiale comme la grande dépression de la fin du 19° siècle a entraîné la première guerre mondiale. La multi polarisation géopolitique en cours est aussi une multi polarisation économique. Plus que de gouvernance c’est de nouvelle logique qu’il est question. Cela passe par des orientations de fond avec des mesures concrètes.


Le « différentiel social »


La première de ces orientations est de prendre en compte la dimension sociale dans les différents échanges de biens et de marchandises. Dimension sociale c’est-à-dire prendre en compte ce qui fait la différence entre les différents coûts de main d’oeuvre. C’est aussi la prise en compte des droits de l’homme et des libertés fondamentales : travail des enfants, travail forcé, liberté d’association, liberté syndicale etc.….


Cela doit se traduire par des clauses sociales comme le respect des normes du Bureau International du Travail dans les accords internationaux d’échanges de l’Organisation Mondiale du Commerce par exemple. Le développement des conditions sociales est un des pieds du développement appelé durable en France, soutenable ailleurs. Cela doit se traduire par une taxe internationale sur le « différentiel social » pour les pays qui n’appliqueraient pas ces normes.


L’Europe doit être motrice en mettant en place cette taxe très rapidement aux frontières du marché européen. Ce n’est pas du protectionnisme simplement de la saine concurrence. Cette taxe pourrait d’ailleurs alimenter un fonds d’aide européen au développement des pays émergents. L’Europe doit aussi s’appliquer en interne cette même logique en réinventant la politique dite des montants compensatoires utilisée lors de l’entrée de l’Espagne et du Portugal en l’appliquant aux nouveaux entrants notamment de l’Est. Cette politique aurait un effet concret dissuasif sur les délocalisations.


Différencier et conditionner les aides aux entreprises


Enfin la France. Bien entendu il faut d’abord un symbole par exemple la remise en cause des dispositions du « bouclier fiscal ». Mais plus avant il faut revoir les politiques dites « d’exonérations des charges » qui coûtent très cher et sont facteurs de déficit des organismes sociaux. Elles ont révélé leur inutilité dans le temps. Nombre de licenciements d’opportunité vont naître dans les mois à venir !!! L’entreprise aujourd’hui comme hier n’est pas uniforme en France. Le tissu économique est fait d’abord de TPE et PME qui quadrillent le territoire. Est-il logique que Total aux profits gigantesques puisse avoir les mêmes aides que l’artisan qui veut embaucher un ou deux compagnons ? Il faut donc différencier et conditionner les aides aux entreprises. Différencier fonction des profits et de leur redistribution. Conditionner à l’emploi : sa création, sa pérennisation, sa localisation en priorisant les industries de main d’oeuvre.


Faire aussi que ces aides soient d’abord efficaces et donc contrôlées et évaluées. Pourquoi par exemple ne pas utiliser la déduction fiscale sur les investissements tant matériels qu’immatériels ? Pourquoi ne pas introduire une différence entre entreprise « exportatrice » et entreprise centrée sur le marché intérieur ? Les sociétés d’autoroute par exemple ne sont pas en concurrence d’exploitation internationale, pourquoi ont-elles les mêmes avantages que la boîte textile qui travaille à l’export pour la mode ? Pourquoi ne pas conditionner l’aide publique à la qualité du dialogue social donc aux résultats de la négociation sociale en matière de salaires et de conditions de travail ? Les collectivités territoriales de Rhône-Alpes qui toutes accordent des aides – Région, Conseils généraux, communes etc. – sont-elles prêtes à globaliser et à contractualiser leurs aides sur ces bases ?


En marche


Cet ensemble montrerait que la révolution est en marche. L’économie au service de tous se concrétisera alors pour la satisfaction des besoins et pour permettre de vivre libre donc décemment des revenus de son travail. C’est plus qu’un voeu pour 2009, c’est le sens de l’action qu’il faut mener. Agir sur le terrain économique c’est la base de l’action syndicale. Souhaitons que l’unité d’action des syndicats français en marche pour le 29 janvier prochain soit mobilisatrice pour changer le rapport des forces. Souhaitons que l’écho en retentisse dans le monde entier. Alors oui ce sera révolutionnaire !!!


Gérard CLEMENT, coordonnateur régional FO Rhône-Alpes

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