Contamination d’oeufs par le fipronil : un risque très faible pour le consommateur selon l’ANSES
Le risque de quelques effets provoqués par le fipronil d’oeufs contaminés par cet insecticide apparait très faible selon l’ANSES. Le risque n’existe qu’en cas de forte consommation de plus de 10 oeufs par jour pour un adulte.
L’Anses a publié récemment son évaluation des risques pour la santé humaine en cas d’ingestion d’œufs contaminés par le fipronil, substance active insecticide et acaricide utilisée frauduleusement contre le poux rouge de la poule dans des élevages aux Pays-Bas et en Belgique. Repris et souvent simplifiée par les médias, l’affaire pourrait provoquer une psychose chez les consommateurs. La fraude est évidemment inadmissible, mais les consommateurs ne doivent pas céder à la panique et rester vigilants.
Le fipronil, autorisé en tant qu’antiparasitaire dans les médicaments vétérinaires pour animaux de compagnie, ne l’est pas pour le traitement des animaux d’élevage dont les produits sont destinés à la consommation. Au vu des données disponibles sur la toxicité de la molécule et des concentrations de fipronil observées dans les élevages concernés, et en prenant en compte les habitudes de consommation des Français, ” le risque d’effets sanitaires apparaît très faible.”
Exposition aiguë
Les effets observés chez l’Homme à la suite de l’exposition aiguë à des préparations contenant du fipronil sont généralement bénins rappelle l’ANSES. En cas d’ingestion, les effets sont neurotoxiques, notamment des convulsions. Ce type d’effet pas été observé en cas d’ingestion directe accidentelle de produit à base de fipronil recueillis par les centres antipoison français. Les rares observations de convulsions relevées au niveau mondial sont liées à des ingestions de grandes quantités. Des niveaux de dose de l’ordre de 10 fois la dose de référence aigüe n’ont conduit qu’à des symptômes bénins et réversibles, notamment des troubles digestifs, y compris chez l’enfant. L’exposition répétée au fipronil n’a pas non plus montré d’effets préoccupants, seulement des signes locaux bénins.
L’évaluation a permis d’estimer la quantité maximale d’œufs pouvant être consommée en une seule fois sans s’exposer à un risque aigu. Cette évaluation a été réalisée pour différentes populations et sur la base d’une concentration maximale de fipronil dans les œufs contaminés comparable à celle rapportée à ce jour en Europe (1,2 mg/kg d’œuf). Sur cette base, la quantité maximale d’œufs pouvant être consommés varie de un pour un enfant de 1 à 3 ans à dix par jour pour un adulte.
Risques chroniques
Une évaluation quantitative des risques chroniques n’a pu être réalisée mais des limites maximales de résidus (LMR) existent pour les œufs et la viande de volaille. Leur respect permet de prévenir les risques induits par la consommation répétée de la substance.
L’ANSES rappelle que l’évaluation porte uniquement sur la consommation d’œufs contaminés. Aucune contamination de viande de poulet de chair par le fipronil n’a été rapportée à ce jour. Toutefois, l’ANSES a investigué cette hypothèse. Des analyses au niveau européen sur des muscles de poules pondeuses traitées permettent d’apporter des éléments. La concentration maximale de fipronil observée dans ces échantillons s’élève à 0,175 mg/kg de muscle. Dans ces conditions, et si cette viande était consommée, la valeur toxicologique de référence aiguë ne pourrait être dépassée que par la consommation par un adulte et en une seule fois, de plusieurs kilogrammes de viande de volaille contaminée, de l’ordre du kilo pour un enfant).
Les recommandations de l’Agence
L’Anses rappelle en premier lieu que les produits dont la concentration en fipronil dépasseraient la LMR ne devraient pas être commercialisés ni maintenus sur le marché.
Si des mesures du niveau de contamination par le fipronil devaient être réalisées dans des produits alimentaires préparés susceptibles de contenir des œufs ou des ovoproduits contaminés, il sera nécessaire de tenir compte du facteur de dilution des œufs ou ovoproduits dans ces produits alimentaires pour comparer ces résultats à la LMR.
Si des volailles, des œufs ou des ovoproduits contaminés ou susceptibles d’être contaminés doivent être éliminés, il conviendra de s’assurer que le processus d’élimination mis en œuvre garantisse l’absence de toute contamination ultérieure de la chaîne alimentaire.