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La Camargue n’a pas toujours compris les crues du Rhône

Pour Bernard Picon, historien, il aura fallu deux catastrophes en Camargue, pour avoir une approche large de la gestion du Rhône. Bernard Picon, membre du conseil scientifique du Plan Rhône, intervenait lors d’un colloque sur les risques naturels et technologiques organisé le 10 octobre au Grand Lyon par le CEMAGREF.



« Il y a avant la catastrophe une crise latente non révélée faute de catastrophe et cette crise est un facteur aggravant, qui rend possible la catastrophe qui se produit » Bernard Picon, historien, directeur de recherche au CNRS, de l’UMR Espace, à l’Université de la Méditerranée, a assez de recul pour voir les effets des catastrophes du Rhône plusieurs dizaines d’années après leur survenue.


La crue du Rhône de 1856 avait donné une leçon. Napoléon III lui-même venu sur place au moment de la catastrophe avait compris. Il avait dit: il ne faut pas accroitre les osbtacles, il ne faut pas relever les digues, mais creuser des déversoirs en amont des villes, des barrages en amont. L’erreur était d’imaginer des digues insubmersibles et pourtant on a édifié des « digues insubmersibles » qui allaient être submergées.



Une colonie agricole



Car les partisans des digues l’ont emporté, rappelle Bernard Picon, au prix d’un conflit entre rentabilité économique pour quelques uns et gestion rationnelle de la nature ” . A la fin du Second Empire, la Camargue devient une colonie agricole, attire des investissements tels qu’ils ne peuvent être remis en cause tous les dix ans. Après l’inondation de 1856, on construit même la digue à la mer pour éviter que la Méditerranée ne recouvre le delta en le salinisant. C’est ignorer que la Carmargue devient salée par le sous-sol. Les digues sont la victoire éphémère de la puissance économique sur l’intérêt public.


Car les digues rappelle l’historien, sont gérées de manière censitaire. On construit une forteresse agricole confiée à la grand propriété. Ceux qui ne paient pas 50 francs or, n’ont pas voix au chapitre




Et comme on construit les digues on dessine une image de la Carmargue, désignée comme dernier espace naturel à protéger des empiètement de l’urbanisation et du tourisme. On fait croire la Camargue menacée par l’eau, alors que chaque année, ses cultures ont besoin de 400 millions de mètres cubes d’eau douce. Les politiques gèrent la Camargue comme un système naturel menacé. En réalité, la Camargue moderne est un système agricole qui a généré des milieux.



Digues oubliées




Mais a force de nier les réalités, la crise latente se développe. On montre le tourisme ou l’industrie comme menaces. C’est l’eau qui fera irruption. Car on oublie que les digues, devenues paysages. Plus personne ne paie les cotisations. Les digues se détériorent, jusqu’à céder pendant les inondations de1993 1994. On réagit, mais encore, d’une manière limitée.


Les associations demandent la création d’un syndicat Mixte et non plus la gestion par la propriété . On passe du pouvoir foncier au pouvoir local. Le Parc Naturel Régional n’est plus géré par des propriétaires fonciers, mais par un syndicat mixte.



Des rives négligées



Mais on oublie encore le fleuve et ses lois. On oublie, pour le Petit Rhône et le Grand Rhône, les rives extérieures à la Camargue. L’inondation de 2003 contourne donc l’Ile de Camargue et va submerger la Camargue gardoise et les quartiers d’ Arles. Pour Bernard Picon, laprise de conscience n’est pas encore assez large. Les Assises du Rhône en 2005, puis l’adoption du Plan Rhône, qui associe amont et aval du fleuve ouvrent la perspective sur la longueur du fleuve. Il crée une solidarité de la frontière suisse à la mer. Solidarité limitée. Prise de conscience réduite. Les communes méridionnales voient les ZEC ( Zones d’Expansion des Crues) comme un frein à leur croissance.



L’historien demeure critique. Il y a toujours un décalage entre les discours et la réalité. ” Quand j’ai regardé où allait l’argent consacré à la lutte contre l’aléa, j’ai vu qu’on inaugurait encore des digues sur Arles et sur Tarascon ».


michel.deprost@free.fr

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