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A Roybon en Isère, le projet Center Parcs continue de diviser

La 2e réunion publique, qui s’est tenue à Roybon (38) dans le cadre de la loi sur l’eau, a montré une nouvelle fois la complexité du dossier et la pugnacité des défenseurs comme celle des opposants au projet de Pierre et Vacances au cœur de la forêt de Chambaran. Echanges.

De nombreux recours ont été invalidés, des permis de construire ont déjà été acceptés et si depuis 2008 beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la Galaure et de l’Herbasse, pour autant le projet d’implantation d’un parc de loisirs de 212 hectares dans le bois des Avenières ne fait pas l’unanimité. Il ne cesse de provoquer l’affrontement entre les défenseurs militants de l’environnement et les tenants d’un développement économique, qui promet la création de 490 emplois équivalents temps plein et la construction de 1 011 cottages pouvant accueillir plus de 5 000 vacanciers.

Roybon 2Roybon 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Devant une salle des fêtes comble, commission d’enquête, promoteur et bureaux d’études sont intervenus face à des opposants très incisifs, sur la conformité du projet de parc à la loi sur l’eau [Photos Enviscope]

Ce lundi 19 mai, devant une assistance de quelque 300 personnes, Gabriel Ullman, le président de la commission d’enquête qui rendra ses conclusions après le 28 mai, a bien posé les choses pour que chacun puisse s’exprimer dans un cadre imposé : la conformité du projet avec la loi sur l’eau[1]. Dans la salle des fêtes de Roybon, ces recommandations n’étaient pas inutiles car de part et d’autre de la ligne de partage des eaux, comme le dira de façon imagée le président de la commission, le public était très partagé.

La ressource en eau menacée

Ce qui fait le plus débat c’est l’utilisation, ou plutôt le gaspillage de la ressource en eau. Certes le promoteur du parc ne pompera pas l’eau dans la nappe phréatique de la molasse du Bas Dauphiné, chroniquement déficitaire, mais dans celle de la plaine de la Bièvre voisine, plus équilibrée, mais en revanche polluée (30 à 50 mg de nitrates par litre, cette dernière valeur correspondant à la limite acceptée pour l’eau potable). Malgré tout, les opposants ne décolèrent pas.
Tour à tour, les pêcheurs ou la Frapna de la Drôme, qui pensent pâtir en aval des prélèvements effectués, Stéphane Péron de l’association « Pour les Chambaran SANS Center Parcs », questionnent légitimement le maître d’ouvrage sur l’utilisation de la ressource. Ils remettent en cause la base estimée de 150 litres/personne de consommation journalière, ils remettent en cause l’insuffisance de la réserve de stockage tampon d’eau prévue sous les 6,7 hectares de parkings[2], ils remettent en cause les compensations retenues pour les 70 hectares de zones humides impactées[3] par l’imperméabilisation, le drainage ou le remaniement des sols.

Pour Francis Meneu, président de la Frapna de l’Isère, qui pourtant s’est félicité de relations très constructives existant en Isère, « le projet intervient dans un lieu inadapté. Le péché originel, dit-il à l’adresse du promoteur, est d’avoir décidé de s’installer sur une zone humide, tête de bassin versant. Center Parcs avait-il bien réfléchi à la nature du lieu ? » demande-t-il plusieurs reprises.

L’environnement donnée clé du projet

Face à cette interpellation, Jean-Michel Klotz, directeur général adjoint du groupe Pierre et Vacances ne répond pas. En revanche sur toutes les questions détaillées, voire inquisitrices des ooposants, il montre que le dossier a été travaillé. Même s’il manque quelques précisions sur les débourbeurs et déshuileurs des eaux de pluie, tous les sujets ont été abordés précisément par les nombreux bureaux d’études, dont le promoteur s’est largement entouré. Répondant aux critiques des opposants les techniciens expliquent les bases réglementaires, le travail laborieux et constant effectué avec les services de l’Etat et même si, à nouveau certains contestent la validité de mesures piézométriques de la nappe, ou les dates et l’insuffisance d’inventaire de la biodiversité, manifestement un gros effort de prise en compte des contraintes environnementales a été fait.

C’est ce que soutient Francis Luciani, président de l’association « Vivre en Chambaran », pour qui le projet comporte beaucoup de garanties et crée nombre d’opportunités à commencer par la création d’emplois et le développement touristique. Il est rejoint en cela par une grande partie de la population, les élus, le nouveau maire de Roybon, Serge Perraud, le député Jean-Pierre Barbier, qui expliquent entre autres arguments, que le raccordement à la nouvelle station d’épuration du Sivom de Saint-Marcellin en service depuis 2013, conforte le projet.

Quant au Syndicat des eaux de la Galaure[4], il a répondu de façon anticipée aux contraintes futures, prévoyant la division par 2 des prélèvements en période d’étiage et si le responsable du service des eaux du Conseil général de l’Isère convient de problèmes de surexploitation des nappes, il indique que les efforts de réductions des fuites doivent être poursuivis par les collectivités, de même que l’adaptation des installations des industriels etla réduction de la consommation des agriculteurs. Il rappelle que le pélèvement additionnel de Center Parcs représentera un pourcentage infime, inférieur à 0,3% des pompages actuels.

Après 4 heures d’échanges, les points de vue étaient loin de converger. En définitive, comme l’a rappelé Francis Meneu, il appartiendra au préfet de l’Isère de trancher, une fois l’avis de la commission d’enquête rendu.

antoine.reboul@enviscope.com

[1] La loi sur l’eau et les milieux aquatiques (Lema) du 30 décembre 2006 a pour objectifs, le bon état des eaux d’ici 2015, l’amélioration des conditions d’accès à l’eau pour tous, plus de transparence au fonctionnement du service public de l’eau et la rénovation de l’organisation de la pêche en eau douce.

[2] Une réserve de 2 130 m3, soit une hauteur de précipitation de 32 mm, a été prévue par le maître d’ouvrage pour récupérer les eaux de lessivage des parkings susceptibles de contenir des hydrocarbures.

[3] La règle prévoit que les zones humides impactées doivent être compensées par la création de zones humides, dont la surface sera le double de la zone détruite. C’est effectivement le cas, mais les zones retenues par les services de l’Etat sont très éloignées du lieu du projet, se situant en Ardèche, en Haute-Savoie et dans l’Ain, concurrençant selon les détracteurs d’autres projets publics ayant eu aussi besoin localement de mesures compensatoires.

[4] SIEG : syndicat intercommunal des eaux de la Galaure

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