L’association “Férus” association nationale pour la conservation de l’ours, du loup et du lynx en France (1), a annoncé dans un communiqué son dépôt de plainte avec constitution de partie civile auprès du procureur de la République de Bourgoin-Jallieu après le très probable tir mortel d’un loup, retrouvé en ce début de semaine flottant dans un étang du Nord Isère près de La Tour-du-Pin. Ce loup mâle, âgé d’environ trois ans et pesant 35 kilos pour 1,40 m de longueur présentait une plaie traversante au flanc , très certainement suite à un tir à balle, et avait été placé dans un sac en plastique lesté avant d’être jeté dans l’étang Malin à Sainte-Blandine.
En parallèle Férus annonce avoir déposé une seconde plainte, auprès du procureur de la République de Lons le Saunier cette fois, pour la destruction d’un lynx, autre espèce protégée, qui selon certains témoignages aurait été abattu en Novembre 2010 par un chasseur lors d’une battue sur la commune de Molunes dans le Jura. Le corps de ce second animal n’a pas été retrouvé malgré une enquête de la gendarmerie locale, mais selon des témoins, il aurait été découpé et dissimulé pour faire disparaitre toute trace de cette bavure.
Pour Férus “ces deux événements confirment notre conviction que le braconnage du lynx et du loup sont sous-estimés, et qu’avant de poursuivre les débats sur les conditions d’une “gestion” de ces deux espèces – hors de propos pour le lynx et mal engagée pour le loup – les pouvoirs publics devraient s’attacher à mieux combattre les destructions illégales.”
Prochaine autopsie du loup de l’Isère
Concernant le loup abattu ces derniers jours dans le Nord Isère, sa dépouille a été saisie par la brigade locale de l’Office National de la chasse et de la faune sauvage et une autopsie aura lieu le 21 décembre par la direction des services vétérinaires de l’Isère afin de tenter de mieux cerner les circonstances de la mort de l’animal et son origine.
Par ailleurs Férus déplore l’annonce le 15 décembre 2010 par deux organisations agricoles , la FNO (Fédération nationale ovine) et la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), de leur départ « de tous les groupes de consultation nationaux (ours et loup) uniquement destinés , selon elles, à développer les populations de grands prédateurs ». Ces organisations ont annoncé qu’elles ne reviendront que « sous la condition d’un engagement de l’Etat de renoncer aux lâchers et de réguler efficacement les populations en place ». Cette annonce a eu lieu deux jours après une réunion du monde pastoral montagnard français à Montpellier au cours duquel a été évoquée la cohabitation entre éleveurs et grands prédateurs.
Boycott du monde pastoral
Férus affirme regretter ce départ , estimant que “débattre entre toutes les parties prenantes d’une politique ne signifie pas s’engager à tomber d’accord. Cela ne changera rien pour l’ours, puisque les représentants de l’agriculture ont toujours boycotté les groupes de concertation sur cette espèce. (…) Les pertes causées à l’élevage par les deux ou trois ours béarnais doivent se monter à une cinquantaine de brebis au maximum, pour 600 000 ovins dans les Pyrénées. Ces chiffres suffisent à souligner le caractère dérisoire du geste des organisations agricoles.
Pour le loup, qui n’a jamais été réintroduit et continuera sa colonisation sans demander la permission à personne, ce boycott signifie que les éleveurs ne feront plus entendre leur voix quand on débattra des moyens de la protection des troupeaux et des tirs sur certains loups. Ils seront également absents quand on abordera la difficile question de la gestion du loup hors des Alpes, là où la protection du bétail est très compliquée. Ceux qui ont décidé ce boycott pénalisent surtout les éleveurs de base qui seront confrontés aux loups.”
Et en conclusion Férus rappelle que la marge de manœuvre de chacun est très limitée par la directive européenne de 1992, et que les conditions posées par les éleveurs pour revenir dans les groupes de consultation nationaux loup et ours sont illégales.
(1) L’association nationale Férus (“sauvage” en latin) est née de la fusion de l’association “Artus” créée en 1989 pour la sauvegarde de l’ours brun et du “Groupe loup France” né en 1993 avec l’apparition des premiers loups sur le territoire français. En savoir plus : www.ferus.org