Emballages : des erreurs de tri qui coûtent cher

Les erreurs de tri des Français ont un impact significatif sur le volume de déchets qui finissent en décharges ou incinérés. Leur coût économique se chiffre en centaines de millions d’euros.

Selon une étude réalisée en février par DS Smith, fabricant d’emballages en carton ondulé, 77 % des Français ne savent toujours pas précisément ce qui peut ou non être recyclé.

Trieurs prudents

Selon les résultats de cette étude, lorsque les Français ne savent pas avec certitude si un emballage est recyclable ou non, plus d’un sur deux (54 %) préfèrent « jouer la sécurité » et, dans le doute, jeter l’emballage dans les ordures ménagères.

Un total de 68 % des Français admettent ne pas avoir trié des emballages qu’ils pensaient pourtant recyclables, et 23 % d’entre eux accusent le manque de clarté des instructions pour justifier leur choix.

Selon les  auteurs de l’étude, le comportement de ces « recycleurs prudents », qui souhaitent éviter de contaminer les déchets recyclables, serait lourd de conséquences : 9,3 millions de tonnes d’emballages recyclables finiraient ainsi chaque année dans les décharges ou incinérés, avec un coût potentiel pour l’économie de plus de 742 millions d’euros chaque année(1).

Trieurs zélés

À l’opposé se trouvent les trieurs zélés, c’est-à-dire les 30 % de personnes qui, lorsqu’elles ne savent pas avec certitude si leurs boîtes, bouteilles ou autres contenants sont recyclables ou non, décident de les jeter quand même dans une poubelle de tri.

Plus de la moitié (59 %) d’entre elles admettent avoir déposé des emballages non recyclables dans des containers de tri sélectif. Parmi ces répondants, 37 % se justifient en déclarant qu’ils ne savaient pas dans quelle poubelle les jeter, tandis que 16 % expliquent qu’ils avaient bon espoir que ces emballages soient redirigés au bon endroit par les professionnels en charge du traitement des déchets et donc, qu’ils bénéficient quand même d’une seconde vie.

Plus d’un tiers (43 %) reconnaissent avoir déjà jeté des emballages contenant encore de la nourriture ou du liquide dans les poubelles de tri sélectif – ce qui entraîne la contamination des autres emballages à recycler.

Ce comportement pourrait en partie s’expliquer par de la négligence : 14 % ont jeté des emballages non recyclables dans les poubelles de tri sélectif parce que c’était plus facile, tandis que plus d’un quart (25 %) ont signifié un manque de vigilance. De plus, environ un cinquième (21 %) des Français avouent ne vérifier que rarement, voire jamais, les mentions figurant sur l’emballage avant de jeter un produit dans une poubelle de tri sélectif.

Ces déchets qui n’ont en définitive rien à faire dans les poubelles de tri vont passer au centre de tri où ils finiront dans les refus de tri qui seront renvoyés en décharge ou incinérés, avec à chaque passage, transport ou traitement des coûts associés. Ces coûts de refus de tri ne sont pas chiffrés par l’étude mais sont également très importants et viennent s’additionner aux coûts générés par les trieurs prudents.

Règles peu claires

Quoi qu’il en soit, il est évident que les deux catégories de trieurs, prudents et zélés, sont confrontées au même problème : des règles de recyclage peu claires et des informations insuffisantes sur les emballages.

Un peu moins de la moitié des répondants déclarent que les informations de recyclage figurant sur l’emballage ne sont pas claires (48 %) tandis que près d’un cinquième (17 %) affirment qu’il n’y avait aucun symbole de recyclage explicite. De surcroît, un cinquième d’entre eux (18 %) avouent ne pas connaître parfaitement les règles de recyclage en vigueur dans leur localité, tandis qu’un pourcentage similaire (18 %) admet ne pas connaître la signification des codes couleurs des poubelles de tri sélectif.

Par ailleurs, indiquent les auteurs, le déconfinement qui fait suite à la pandémie du Covid-19 fait apparaitre en masse des déchets d’un nouveau genre. Masques chirurgicaux, lingettes nettoyantes et gants jetables, mouchoirs usagés, emballages plastiques à usage unique, sont abandonnés sur les trottoirs et dans les rues, alors qu’ils pourraient être recyclés. Cette incivilité et/ou méconnaissance de tri ne fera qu’accentuer le coût et les pourcentages annoncés dans cette étude.

  1. Pour le calcul du coût associé au manque de clarté les auteurs ont utilisé les résultats d’un sondage auprès des consommateurs pour estimer le pourcentage de déchets recyclables que les consommateurs jettent effectivement – et qui finissent donc en décharge ou sont incinérés. Grâce aux statistiques de l’Ademe ils ont ainsi pu calculer combien de tonnes de matériaux qui pourraient être recyclés sont envoyées en décharge ou incinérés. A partir des coûts moyens pour mars 2018 (tirés d’Eurostat) ils ont ensuite chiffré le coût du tonnage de chaque type de déchets recyclables et les ont additionnés pour obtenir le total.
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