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Energie, environnement, nous devons tous faire un geste

Finaliste du Prix Roger Leron, décerné par la Fédération Européenne des Agences Régionales de l’Energie et de l’Environnement, Gérard Savatier a, lors de la remise du prix,  évoqué à Bruxelles le 10 octobre, la figure du fondateur d’Auvergne Rhône-Alpes Energie Environnement. Il a exprimé ses convictions en matière d’environnement et de non violence.

Gérard Savatier : il faut vivre comme on pense sinon on finit par penser comme on vit (© Gérard Savatier)

Roger Leron  a initié la première agence régionale de l’énergie de France, dès 1978, réussissant à rassembler des personnalités de premier plan autour de ce projet. Quand nous avons créé l’Association Savoyarde pour le Développement des Energies Renouvelables  (ASDER) en 1980 à Chambéry, nous avons bénéficié de cette « fusée porteuse » Rhonalpenergie. Sans elle rien n’aurait été possible.

Il y a trente-cinq ans, quand j’étais président du Comité National de Liaison Energies Renouvelables (Cler), tous les collègues des autres Régions nous enviaient : « vous, en Rhône-Alpes, vous êtes des privilégiés » disaient-ils. Pourtant nous n’avions aucune facilité spécifique naturelle, sauf une : l’action  de Rhonalpenergie.

Organisation, travail scientifique, formations, financements, et surtout, relations humaines exceptionnelles, avec une équipe de salariés inoubliables. C’est ainsi que Roger et moi nous sommes devenus des amis. Il était plus qu’un Elu : un militant. Il nous a quittés trop tôt. La vie est injuste, tout le monde le sait. Pour moi, Roger est au Paradis, car le paradis des morts est dans le cœur des vivants.

Hostile aux énergies « faciles ».

Ingénieur agronome de formation, je me suis lancé dans les énergies renouvelables pour une raison très simple : je suis hostile au nucléaire, au pétrole, au charbon et au gaz, à tout ce que j’appelle les énergies fissiles, fossiles et faciles. Faciles, car sans souci du lendemain.

Mais il est impossible de s’en passer tout de suite. Il faut donc en consommer le minimum, et les remplacer en utilisant les énergies renouvelables, qui sont au point depuis longtemps pour la plupart. C’est le projet Negawatt. On pourrait croire que tout le monde partage ces objectifs, mais c’est loin d’être vrai dans les actes, dans les médias et les votes des diverses Assemblées.

Je me présente donc comme un technicien-militant de base. J’ai contribué à promouvoir les énergies renouvelables en agriculture, et surtout j’ai contribué à former des centaines de professionnels, dans le contexte français très difficile, que chacun connaît.

Un point de vue personnel

Je souhaite  ajouter une analyse complémentaire à la philosophie couramment admise dans nos domaines. Complémentaire et non opposée. Le WWF, le Giec, Nicolas Hulot, Pierre Rabhi, les climatologues, la plupart des politiciens et des ONG affirment que la planète est en danger, et que nous sommes tous responsables.

Nous devons tous faire un geste, réduire nos consommations, financer des éoliennes, des panneaux solaires, des bio-digesteurs, voter les budgets correspondants…

C’est bien évident : il faut vivre comme on pense, sinon on finit toujours par penser comme on vit. C’est ce que je fais dans ma maison du Massif Central qui était la ferme de mes parents : 7 hectares, 7 vaches, à 700 mètres  d’altitude. Moins de 10 000 km par an avec notre « 308 », soit moins de 700 litres de gazole. Moins de 3 000 kWh par an de consommation électrique : chaudière à pellets (moins de 4 tonnes par an). Je ferme même le robinet quand je me brosse les dents ! Recyclage total des déchets produits, compostage, tri.

Puis-je consommer moins ? Peut-être, mais pas évident. Je ne suis pas une exception ! Tous mes voisins me ressemblent. Ainsi que la très grande majorité des habitants de cette étrange planète. Certains, d’ailleurs, ne consommeront pas un seul litre d’essence ni un seul kWh électrique durant toute leur vie.

Je suis d’accord avec la stratégie du Colibri chère à Pierre Rabhi. Ce qui ne m’empêche pas d’affirmer que si tout le monde vivait comme moi, la planète irait mieux.

Nommer les vrais responsables

1- Les guerres, les armées. Quel est l’impact écologique des bombardements, des incendies de puits et réserves de pétrole, des navires coulés, des destructions d’usines chimiques ? Combien consomme un blindé, un avion militaire ? La « guerre des étoiles » ?

Qu’on ne pleure pas sur les bouleversements climatiques devant un tel désastre. Est-il nécessaire, en 2018 de détruire des pays de vieilles civilisations pour en chasser tel ou tel dictateur ? D’abord, qui les a mis au pouvoir ? Soutenus pendant des décennies ? Qui les a accueillis avec les honneurs ? Qui leur a vendu des armes, des munitions, et même des centrales nucléaires ! Qui expérimente des drones, des nouvelles armes dans ces contrées ?

Assad est toujours présent, ainsi que Daech, Al Qaïda, les Talibans… Ces guerres n’ont laissé que le chaos et aussi des fortunes immenses, des trafics, des plaies non cicatrisables. Elles ne sont pas efficaces du tout. Je ne fais absolument pas confiance aux armées pour rétablir la liberté, la démocratie, nulle part. La preuve est sous nos yeux. Pas plus que pour défendre notre pays (rappel de 1939).

Enfin, les guerres sont largement privatisées. Si elles s’arrêtent les Sociétés Militaires Privées perdent leur chiffre d’affaires… Donald Trump privatise à 100 % son armée en Afghanistan. L’armée française est elle-même privatisée dans une large mesure, ainsi que la recherche militaire. C’est ce qui explique en  majeure partie le déclenchement et la durée de ces conflits.

Pourquoi ces vérités sont-elles cachées ? « La première victime de la guerre est la vérité », disait Rudyard Kipling.

A la veille des élections européennes, peut-on militer encore pour une « défense européenne » ?  Alors que les moyens manquent pour affronter les incendies de forêts, les inondations, toutes ces catastrophes qui vont se multiplier, c’est inexorable. Nous laissons les Grecs, les Portugais, les Marocains face à leurs incendies.  Des inondations dramatiques au Burkina Faso. Qui en parle ? Pour financer la transition énergétique, des reliquats de budgets, quand il ne s’agit pas que d’un affichage.

Cette question ne sera pas posée, hélas, lors des prochaines élections. Aucun parti politique n’ose s’opposer à ces lobbies de l’armement. « Je suis convaincu que l’avenir appartient à la non-violence, à la conciliation de cultures différentes » écrivait Stéphane Hessel. Qui porte aujourd’hui les messages de Gandhi, Mandela, Luther King, Joan Baez… ? Pourtant ils ont tous été efficaces, vainqueurs, au moins partiellement.

2- Cent mille touristes chaque année au Pôle Nord, au Pôle Sud, des bateaux de vingt étages qui débarquent des milliers de passagers, des hôtels de luxe dans les endroits les plus fragiles du monde. Personne pour règlementer ces nouvelles destinations polluantes. Sans oublier les sous-marins militaires qui manoeuvrent sans cesse, les routes maritimes ouvertes à travers la glace… Qui fait fondre la banquise ?

3- Les exploitations et les prospections pétrolières et minières absolument partout, sans respect pour les biotopes, ni pour les conventions internationales. Elles sont toutes autorisées finalement, même si l’affichage pro-environnement tient le devant de la scène.

4- Les milliers de yachts dont les réservoirs de plusieurs centaines de mètres-cubes vont s’approvisionner dans les eaux internationales (hors taxes). Réservoir du bateau de M. Abramovitch : 250 m3 !

5- Ajoutons le ridicule du « Paris-Dakar (un million de litres de fioul…et combien de kgs de cocaïne ?) et les autres « rallyes », les « fêtes » énergivoraces où quelques uns manifestent consciemment leur mépris de l’environnement.

Les solutions existent. Elles sont connues. La Fedarene les porte avec plus que du dévouement. Quand on nettoie les escaliers on commence par le haut !

Gérard Savatier

Originaire de Saint Romain d’Urfé, Loire, Gérard Savatier est Ingénieur agronome (ENSA Toulouse). Il a participé en 1980 à la création de l’Association Savoyarde pour le Développement des Energies Renouvelables, qu’il a dirigée. Il a été de 2006-2010, chef du service Energies-Environnement-Développement-Durable du SIEL-42.  Il a participé  en 1984 à la Fondation du Comité de Liaison Energies Renouvelables qu’il a présidé de 1986 à 1990 puis de 1998 à 2002.

 Il est Adjoint au Maire de Saint Romain d’Urfé depuis 2008, Délégué à la Communauté de Communes du Pays d’Urfé et représente cette dernière au SEEDR (Syndicat d’Etudes et d’Elimination des Déchets du Roannais) au Syndicat Mixte des Monts de la Madeleine (SMMM) au SIEL 42.  IL est membre du comité de programmation de LEADER-Roannais.

Gérard Savatier est militant non violent. Il n’appartient à aucun parti politique, « écolo » de naissance, de formation, de métier et de mode de vie.

 

 

 

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