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Améliorer la culture sur brûlis pour réduire la déforestation

La déforestation de la forêt tropicale est responsable de 15% des émissions de carbone. Dans le cadre de sa thèse au sein du Laboratoire des systèmes écologiques (ECOS) de l’EPFL, Justine Gay-des-Combes a mis au point à Madagascar, une technique durable pour améliorer la culture «sur brûlis»  et réduire l’abattage des arbres.

 La déforestation des forêts tropicales est responsable d’environ 15% des émissions de carbone. A Madagascar, la déforestation est l’une des plus alarmantes du monde. En 50 ans, 70% de la couverture de forêt a disparu . Trois activités sont à l’origine de la déforestation : l’exploitation de bois précieux, la fabrication de charbon de bois et la culture sur brûlis.
Dans le sud-ouest de Madagascar, les agriculteurs cultivent depuis les années 1930 du maïs destiné en bonne
partie à l’exportation. Cette culture, importée de l’étranger, est mal adaptée aux sols pauvres et acides de l’ile car elle absorbe quasi tous les nutriments disponibles dans le sol. Résultat: les agriculteurs abandonnent rapidement leurs champs, en général après trois ans d’exploitation, puis défrichent de nouvelles terres forestières. La forêt ne se régénère que difficilement sur les parcelles délaissées. La forêt dense et sèche de Kirindy, là où la thèse de l’EPFL a été conduite, subit une déforestation annuelle de 2,6% qui devrait aboutir à sa disparition totale est prévue d’ici à 2050.

Après deux années de tests dans deux villages du sud-ouest du pays, la chercheuse a développé un système écologique et social alliant la création de compost à la réhabilitation de puits. L’ingénieure en environnement a également organisé sur place des formations dédiées aux agriculteurs pour leur enseigner sa technique. Durant deux ans, la chercheuse a effectué des mesures dans des champs de maïs et a entrepris des expériences sur de nouvelles parcelles, ainsi que de manière très contrôlée dans des pots.

La chercheuse a procédé à un abattage sélectif des arbres dans la forêt secondaire, plutôt qu’à un abattage total. Sur les surfaces préparées avec des cendres d’arbres, selon la méthode traditionnelle, elle a ajouté un peu de compost autour des graines de maïs au moment du semis. Pour vérifier l’hypothèse d’une synergie efficace entre les cendres et le compost, l’expérience a pris place sur des sols dégradés considérés comme stériles.
Après deux ans d’expérimentation le rendement des champs cultivés par Justine Gay -des-Combes s’est révélé cinq fois supérieur à celui basé sur la culture traditionnelle. Les plantes de maïs ont atteint 240 cm, contre 140 cm, avec des épis plus nombreux et de meilleure qualité. Ce rendement aurait pu être plus élevé sans le passage, en 2015 , d’un cyclone. La cendre contrairement à ce que pensent certains paysans  augmente le pH du sol à une valeur neutre, ce qui est très favorable pour ces sols tropicaux très acides. Les cendres aident à libérer le phosphore et divers autres nutriments importants
pour les plantes. L’ajout local de compost apporte la matière organique et l’azote qui manquent tous deux dans ces sols pauvres et dont les cendres sont dépourvues. L’humidité du sol est renforcée. Cette nouvelle pratiqueles rend donc aussi plus durables.
Les Malgaches n’ayant pas assez d’ordures ménagères pour constituer du compost, JustineGay-des-Combes a décidé d’en fabriquer à partir de branchages pris sur les arbres poussant près des champs. Des branches  coupées à la machette et à la broyeuse  ont été déposées brut dans des fosses d’un mètre de profondeur qui avec un brassage hebdomadaire et un maintien du taux d’humidité,  a permis  de faire murir le le compost en sept à huit mois.»
En fondant l’association «Blue for Green», la chercheuse a pu récolter des fonds par l’intermédiaire d’Ingénieurs du Monde-EPFL, ainsi que par la Fédération Vaudoise de Coopération (FEDEVACO) pour réhabiliter quatre puits et en construire un nouveau . «Nous travaillons avec quatre formateurs qui entretiennent les puits, transmettent notre techniqueagricole aux villageois et leur délivrent des conseils en hygiène et santé», explique Justine Gay-des-Combes, membre et ancienne présidente d’Ingénieurs du Monde. «La moitié des 500 agriculteurs ayant reçu une formation ont testé la technique de fosses à compost. Il a toutefois été évidemment difficile de les sensibiliser à l’importance d’arroser régulièrement les 35 composts en période de sécheresse, lorsqu’ils devaient déjà faire la queue au puits pour leur propre consommation d’eau. Nous sommes donc en train de développer une méthode d’arrosage automatique pour faciliter cette étape», explique la chercheuse.
L’ajout de compost et la présence d’arbres non abattus dans les champs, à la manière de l’agro-foresterie, pourraient prévenir l’érosion et le lessivage des sols en maintenant la structure du sol et en retenant une partie de ses nutriments.
Directeur de la thèse et du Laboratoire ECOS, Alexandre Buttler mène depuis plus de dix ans des recherches à Madagascar. Pour lui, le travail de Justine Gay-des -Combes ouvre de nouvelles perspectives : «Le but ultime de cette recherche à l’EPFL est de donner aux paysans les moyens de cultiver d’année en année le même sol, plutôt que d’utiliser la forêt primaire comme réserve de sols. Avec cette dernière thèse de doctorat, nous avons des pistes encourageantes pour améliorer les rendements agricoles et la durabilité des sols dans l’une des régions les plus pauvres du monde.»
Référence Justine Gay-des-Combes, Improving slash-and-burn agriculture in Central Menabe,Madagascar, 30 juin 2017.
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