Ce type de réaction ne rend évidemment aucun service au débat nucléaire qu’il teinte d’idéologie.
Personne ne demande l’arrêt de la circulation des voitures en raison des 4 000 morts par an provoqués par la circulation, ni l’arrêt de la vente d’alcool et de tabac qui chacun , tuent environ 50 000 personnes dans notre pays
Demander la fermeture de Fessenheim
Demander la fermeture de Fessenheim, n’est pas plus réaliste. C’est mettre dans la balance de la négociation avec le Parti socialiste une demande à laquelle le Président Hollande ne se hâtera pas de répondre. Il a beaucoup a faire pour sauver l’économie et l’emploi sans mettre au chômage prématuré quelques centaines de salariés attachés à la centrale alsacienne. Il va même sauver la filière nucléaire française, comme l’a reconnu Arnaud Montebourg, récemment.
Fermer Fessenheim ne correspond à rien, en dehors d’une politique de transition énergétique débattue démocratiquement, qui s’étalera sur plusieurs décennies. Fermer Fessenheim ne serait qu’un symbole pour nos voisins allemands ou suisses.
Fermer 41 réacteurs
Mais ce serait ignorer que l’âge d’une centrale nucléaire et les risques qu’elle fait courir, n’ont guère de rapport. Une voiture est vieille à 10 ans, un ordinateur obsolète à 1 ans. Mais une centrale nucléaire a l’âge que lui donne les experts. Les plus anciennes fonctionnent depuis plus de quarante ans. Three Miles Island, Tchernobyl ou Fukushima n’étaient pas anciennes. Elles ont été mal conçues et/mal pilotées.
Fermer Fessenheim sur le critère anthropocentrique de l’âge, sans cohérence énergétique et industrielle, n’apporte pas de contribution au débat.
Car fermer Fessenheim au nom de son âge, dans les cinq ans qui viennent lèguerait le titre de centrale la plus vieille à une autre installation, et ainsi de suite.
Surtout, c’est oublier qu’il serait logique de fermer en quelques années l’essentiel du parc nucléaire français.
La centrale alsacienne a été raccordée au réseau en 1978. Le réacteur ” âgé” a 34 ans.
Or 42 réacteurs ont été mis en service de 1978 à 1986 en l’espace de huit ans. Ce qui signifie que dans 8 ans, il faudrait logiquement fermer ces 42 réacteurs qui auront rigoureusement l’âge de la vénérable Fessenheim. C’est imparable. Bien au delà de ce qui est demandé au président Hollande et bien plus que ce qu’il veut et peut faire.