Malgré les promesses, les engagements, européens ou nationaux, le fret routier continue à progresser en France alors que le ferroviaire est toujours à la peine.Les disparités de concurrence se creusent même, puisque la route use de tout une batterie d’avantages et de pratiques, mêmes les moins légales. « La fraude dans le secteur routier est pratiquée par un camion sur trois et ôte toute crédibilité à l’existence d’une concurrence régulée entre les modes ; la composition du secteur routier montre chaque année un renouvellement conséquent ; de nouvelles entreprises exploitant souvent un seul camion remplacent de petits transporteurs qui ont fait faillite après avoir assumé de la sous-traitance à des prix cassés pendant des mois pour survivre» estiment les deux associations.
Vers des gigaliners
Le secteur routier demande même à bénéficier de nouvelles possibilités : transporter quatre tonnes de plus pour un camion de 40 tonnes, voire, favoriser l’arrivée de gigaliners de 60 tonnes. L’argument des transporteurs est simple : amélioration de 15% de la productivité et réduction du nombre de camionsce qui à court terme semble une solution mais ne fait que laisser de la place… … pour de futurs poids lourds. Le développement de ce type de camions se traduirait en particulier en Rhône Alpes par un trafic finalement plus important générateur de davantage de nuisances, et pénaliserait le transport combiné qui vise à utiliser le rail pour les longues distances, la route dans la proximité.
Le réseau n’est pas efficace
Face à cette montée de la route, les pouvoirs publics n’ont donné les moyens d’inverser la tendance. Le réseau est loin d’être efficace. « L’audit de L’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, rappellent les associations, a déposé ses recommandations. RFF a proposé un plan d’action en retrait, en distinguant les lignes structurantes (la moitié du réseau) avec un effort important sur 15 ans et les lignes régionales (l’autre moitié du réseau) avec un effort, notable mais mesuré, d’ici 2010, afin de préserver à minima les lignes les plus circulées de ce groupe. Ce plan d’action remet à 2010 l’essentiel de l’effort à entreprendre. Le ministère des Transports a accepté ce plan d’action pour moderniser le réseau et annoncé les moyens financiers supplémentaires suivants pour la période 2006-2010 : + 110 M€ en 2006 ; + 260 M€ en 2007 ; + 400 M€ en 2008 ; + 500 M€ en 2009 et + 600 M€ en 2010 » Mais il faut aller plus loin que 2010 et prendre des engagements financiers. En s’inspirant de la démarche volontariste suisse.
Deux niveaux de réseaux
Les associations proposent un plan après un grand débat national qui garantisse un financement jusqu’en 2025 avec ses sources d’abondement en affectant en particulier les ressources tirées de l’Eurovignette. Les associations proposent aussi une organisation du transport de marchandises en deux niveaux. Le premier niveau serait ferroviaire, à longue distance, avec une offre recentrée, fiabilisée et productive à rendements croissants appelée à se développer au niveau européen. C’est là qu’il faudrait développer sur des bases nouvelles les autoroutes ferroviaires. Le deuxième niveau serait celui des opérateurs locaux chargés d’organiser les envois ou le transport de proximité.
Cela suppose aussi, une nouvelle organisation des opérateurs, au niveau de l’Europe elle-même puisque le fret voyage en Europe. Les associations suggèrent qu’au niveau européen, la SNCF passe une alliance avec DB, soit avec d’autres opérateurs. Cela permettrait de mettre en place des liaisons performantes, massifiées, cadencées et directes entre quelques grands
triages européens, par exemple pour la France : Woippy, Villeneuve-Saint-
Georges, Sibelin dans le Rhône, voire Somain et Gevrey ( Côte d’Or).
Pour en savoir plus sur la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports: http://www.fnaut.asso.fr/