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Filière fruits en Rhône-Alpes: essayer de rapprocher production et consommateurs

Manger des fruits de saison, cueillis en Rhône-Alpes, les préférer à des fruits venant de l’hémisphère sud et intégrant un poste transport important: ce serait bien. C’est difficile, car bien des habitudes ont été prises et le fonctionnement du marché pas forcément favorables.

Rapprocher la filière fruit des marchés régionaux, c’est l’objectif de nombreux acteurs , la filière des producteurs conventionnels, mais aussi des réseaux en particulier CORABIO, la coordination régionale de l’agriculture biologique.


Pas facile d’abord, parce que la filière « fruits » est plus que d’autres sensibles aux aléas météorologiques. Pour proposer un minimum de fruits, les marchés doivent être larges et les distributeurs doivent pouvoir s’approvisionner parfois loin. Cette année en Rhône-Alpes la météo a été défavorable. « Le gel a détruit 80% des fleurs d’abricot, 80% des fleurs de pêchers, 50% des fleurs de cerisiers. Le gel a détruit ne bonne partie des fruits à pépins. Trente pour cent des fruits rouge ont été touchés» explique Eric Dominique, producteur à Thurins, dans le Rhône, vice-président de Sicoly, une société de commercialisation de fruits et de produits transformés.


Maladies




Les cultures fruitières sont aussi touchées par des maladies. Depuis plusieurs années, les pêchers de l’Ardèche et de la Drôme sont touchés, plus que dans d’autres régions, par un virus apporté par le sharka. La lutte est quasiment impossible et la seule solution est l’arrachage, avec un coût très lourd.


L’ouverture indispensable des marchés signifie par contre coup une concurrence accrue où la compétition est rude et la situation n’est pas facile pour tous les types de productions, celle des producteurs conventionnels comme celle des producteurs bio.


Proposer des prix attractifs, cela dépend des rendements qui font varier beaucoup les prix de revient. Pour un producteur bio, les rendements sont plus faibles. Il y a moins d’intrants, moins d’eau, moins d’engrais, pas de traitements phytosanitaires mais la production est moindre. Les fruits peuvent être affectés par certaines maladies, ils sont parfois moins beaux, ce qui réduit la part qui peut être mise sur le marché. Pour un kilo de pomme, l’écart de prix , après conditionnement et transport, peut aller de 0,85 euro à 1,20 ou 1,3 euro.


Main d’oeuvre



Une bonne partie des frais est incompressible. « Le poste main d’œuvre est un poste très lourd, et représente la moitié du coût, même s’il est concentré sur une période courte. « explique Joël Fauriel. Sur le plan social l’agriculture régionale peut souffrir le plus de concurrence. La concurrence vient évidemment de producteurs dont les coûts de main d’œuvre sont très inférieurs: c’est le cas en Espagne où sont employés de nombreux travailleurs immigrés. Mais c’est le cas aussi en Allemagne, où en l’absence de salaire minimum, des producteurs de petits fruits des rives du lac de Constance, peuvent concurrencer des producteurs rhônalpins de framboises, souligne Jean Marc Blanc, producteur de fruit dans le Rhône.







Plusieurs pistes


Les solutions pour la filière régionale des fruits consistent à jouer sur plusieurs points. Le développement des marchés publics est un premier pas. La Région soutient le bio dans la restauration des lycéens, alors que l’Etat incite les restaurants d’administration à acheter à des producteurs régionaux.


Les producteurs doivent s’adapter. Les petits producteurs ne peuvent pas suffire pour alimenter le marché régional à une échelle assez large. Les circuits courts ( paniers des AMAP, vente à la ferme, points de vente collectifs, marchés etc) ne suffisent pas, même s’ils se développent. Certaines formules peuvent être appelées à un certain succès, comme la cueillette directe des fruits par le consommateurs.




Ces formes de commercialisation ont des limites, car les entreprises sont aussi spécialisées au niveau de leurs ventes. Les entreprises devront parfois changer d’échelle. Ce sera en particulier le cas pour la filière « bio », même si ce changement d’échelle est souvent jugé non conforme par rapport à la démarche bio.




Spécialiser les exploitations




La spécialisation est aussi une solution. L’absence de spécialisation empêche les économies d’échelles, comme le constate Joël Fauriel, qui est aussi chargé de mission à l’INRA , qui produits espèces de fruits. « En ne faisant que des fruits, un producteur peut abaisser ses coûts, tout en accroissant la part de risque» Mais la spécialisation qui permet de réduire des coûts, présente davantage de risques, sur le plan agronomique, sanitaire, et sur le plan économique.


Pour Vivianne Margerie, producteur, transformateur et impliqué dans le développement de Biocoop « ll faut que la demande régionale, en bio par exemple puisse être satisfaite par des entreprises d’une certaine taille. Livrer des marchés régionaux ou plus lointains, cela suppose des investissements. Il faut des matériels pour des récoltes plus efficaces, des palettes, des matériels de conditionnement, des moyens de transport. « C’est tout une chaîne logistique qui a du mal à se mettre en place et qui est lourde alors que maintenant les commandes se passent pas internet »




Pour que l’offre réponde à la demande, une des solutions pourrait être la conversion progressive d’entreprises conventionnelles. Ce passage pourrait être partiel et progressif. Pas facile car pour ne parler que du bio, malgré une croissance importante, il reste marginal, note Viviane Margerie. « Tout le monde parle du bio. Malgré vingt années de travail.Le problème de l’agriculture c’est qu’elle a du mal à attirer des jeunes, quel que soit le nivea”




Faire évoluer les consommateurs




Il faut évidemment faire évoluer le comportement des consommateurs. La distribution , après avoir standardisé les goûts, doit apprendre à l’acheteur à accepter des produits moins standardisés, de calibres inégaux, moins séduisants d’aspect, mais meilleurs sur le plan gustatif.Joël Fauriel, rappelle d’ailleurs que le calibrage des fruits, leur sélection par le producteur représente un coût supplémentaire évidemment répercuté sur le consommateur.


La distribution qui a elle aussi, ses coûts, devrait aussi modifier ses pratiques: moins de marges automatiques, moins de marges arrière imposées aux producteurs, davantage d’information du consommateur, davantage de valorisation des produits régionaux. Et aussi un contact plus humain avec toute la chaine. La règle, aujourd’hui, c’est la calculatrice. Les acteurs du marché, tout au long de la chaîne n’ont plus de contacts de professionnels à professionnels, mais seulement une approche économique.


michel.deprost@free.fr









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