Sur  54 réacteurs nucléaires japonais, deux réacteurs seulement sont en fonction. Le pays est plongé dans une situation énergétique profondément bouleversée. Ce constat est dressé par Jean-Marie Chevallier, spécialiste en matière d’énergie, a confirmé ce constat ce vendredi matin sur la radio d’information continue BFM, alors que le quotidien financier britannique Financial Times, publie une enquête sur la fin du ” rêve nucléaire”.

Des doses admises relevées

Ce constat  sur la situation japonaise, recoupe celui du Réseau Sortir du Nucléaire, qui suit la situation dans un pays traumatisé. Dans la préfecture de Fukushima, rappelle l’association, les habitants restent exposés à des doses extrêmement élevées de radiation. Les enfants ne sont plus autorisés à jouer dehors. Le gouvernement a relevé le seuil maximum d’exposition à 20 mSv (millisieverts) par an pour tous les habitants, adultes et enfants. Ce seuil ne concerne normalement, en France notamment, que les travailleurs du nucléaire strictement suivis par ailleurs sur le plan sanitaire.

Sortir du Nucléaire explique que les protestations de la population ont permis de viser un maximum de 1 mSv par an. Mais « les mesures de décontamination mises en œuvre pour l’atteindre sont dérisoires » . Pour protéger les populations, la seule solution serait de pouvoir évacuer de larges zones, mais le gouvernement s’y refuse.  Sortir du Nucléaire rappelle qu’à Tchernobyl, tout territoire présentant une contamination supérieure à 5 mSv/an a été évacué.

Contamination interne
Des campagnes de mesures montrent que plusieurs enfants et femmes enceintes auront absorbé plus de 20 mSv/an  en 2011.  La contamination interne par ingestion de particules radioactives présentes dans l’alimentation n’est pas assez prise en compte. Les seuils ont  été relevés à 500 Becquerels/kg pour les aliments, ce qui, de l’avis des experts qui ont travaillé sur les suites de Tchernobyl, est beaucoup trop élevé pour des enfants.  La culture du riz se poursuit dans des zones contaminées au Césium 137. Dans tout le pays de gravats et débris radioactifs. La durée de vie des radioéléments concernés (comme le césium, qui mettra plus de 30 ans à perdre la moitié de sa radioactivité) entraine une contamination de longue durée.

La situation n’est toujours pas stabilisée dans la centrale nucléaire de Fukushima. Dernièrement, la température est remontée de manière inquiétante dans le réacteur n°2. Les réacteurs éventrés recrachent en permanence des radioéléments dans l’environnement. Selon plusieurs scientifiques, le réacteur n°1 aurait rejeté 40 millions de milliards de Becquerels de Césium 137 depuis le début de la catastrophe.

Transition énergétique

De nombreux réacteurs avaient été mis à l’arrêt lors du séisme ; les uns après les autres, ceux restant sont arrêtés pour maintenance. Les autorités locales et les citoyens, qui ont pris au sérieux la menace nucléaire, refusent qu’ils soient redémarrés. Le gouvernement a certes décidé d’allonger de 20 nouvelles années le fonctionnement des centrales, mais cette décision ne sera peut-être pas suivie d’effets. Je Japon, qui tirait 28 % de son électricité de l’atome, pourrait bien connaître une sortie du nucléaire accélérée. Il ne reste plus que deux réacteurs japonais en activité sur 54 !

Cette transition énergétique a été réalisée en partie grâce à une augmentation des importations de gaz, mais surtout par la mise en œuvre généralisée de mesures d’économie d’énergie souvent très simples. Les Japonais apprennent à se passer de la climatisation, optant pour des tenues plus légères. Une partie des équipements électriques (escalators, portes automatiques) sont à l’arrêt. Une réduction importante de la pointe de consommation électrique a ainsi été effectuée. Alors que la facture énergétique de la France elle-même est de plus en plus lourde, il faut constater qu’en France, aucune mesure d’urgence n’est prise pour sensibiliser efficacement le public.

michel.deprost@enviscope.com à partir des éléments fournis par le Réseau Sortir du Nucléaire.

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