L’industrie de la chimie demande du gaz pour satisfaire ses besoins en énergie, mais aussi pour produire des molécules. Les entreprises sont grosses consommatrices, mais le marché français n’est pas homogène. Il est divisé en trois grandes zones, avec chacune un point d’entrée, relié à des sources d’approvisionnement.
Ce marché est un marché à deux vitesses. Et les marchés de la zone sud sont de plus en plus défavorisés, non seulement par des prix plus élevés, mais surtout depuis quelques mois par des prix qui grimpent dans le cadre d’un système d’enchères pour le transports. Les gazoducs qui transportent du gaz depuis le nord de la France sont saturés.
L’Union des Industries Chimiques (UIC) appelle « instamment les pouvoirs publics à réagir, d’extrême urgence, face à la situation de crise aigüe dans laquelle sont aujourd’hui placés plusieurs sites chimiques installés au sud de la France “. L’union demande la création au 1er octobre 2014 d’une zone tarifaire unique en France fusionnant les zones tarifaires nord et sud. Le secteur demande la prise du décret en Conseil d’Etat, d’ici le 1er juillet 2014, instaurant l’obligation transitoire, pour les Obligés de Service Public de gaz jusqu’à fin 2018, d’importer physiquement dans les terminaux français les quantités de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) nécessaires au ré-équilibrage physique du marché sud France, en toutes circonstances.
Accélérer les travaux des gazoducs
Le secteur demande le lancement des travaux de construction des nouveaux gazoducs « Val de Saône » et « Gascogne-Midi » pour une mise en service fin 2018. Ces gazoducs doivent eux même être complétés des gazoducs entre Fos et la Drôme (Eridan) et entre la Drôme et le secteur de Bourg-en-Bresse (Arc Lyonnais).
Un marché mondial bouleversé
Cette situation est due à la transformation du marché mondial du gaz, notamment depuis la catastrophe de Fukushima. L’arrêt de la production nucléaire pousse le Japon à acheter du gaz à des prix très élevés. Les vendeurs de gaz servent en priorité ce pays et un marché asiatique très dynamique, qui a les moyens d’acheter au prix fort toutes les quantités de GNL disponibles.
Les Etats-Unis eux, disposent des gaz de schistes qui leur reviennent au moins deux fois moins cher que le gaz payé par les Européens. L’Europe, et en particulier la France, n’est plus desservie correctement en GNL. La baisse a été de 50 % depuis 2011 dans ses terminaux de Montoir-de-Bretagne et de Fos.
La zone sud moins bien desservie
La zone sud est approvisionnée très majoritairement par le réseau venant du nord, qui n’a pas été conçu pour cela et il est donc à présent congestionné en permanence. En outre, la saturation désormais durable des exports vers l’Espagne elle-même très demandeuse, n’a fait qu’empirer la situation.
Cette situation de rareté a, selon l’UIC, ” pris une tournure dramatique depuis le dernier trimestre où les opérateurs sont venus disputer aux industriels consommateurs, les rares capacités disponibles “. Le prix de passage, selon les données publiques, est passé en pointe journalière à 17€ le MWh, et en moyenne vers 5€ le MWh (pour un coût réel de 0,6 € le MWh), soit une surcharge de coût durable de 20% pour les industriels au sud de la France. ” Les prix ont atteint un niveau que les industriels ne peuvent plus suivre, faute de pouvoir le répercuter dans leurs prix de vente “, explique Philippe Prudon, directeur des affaires technologiques à l’Union des Industries Chimiques.
La Commission de Régulation de l’Energie (CRE) a décidé de mettre aux enchères de façon anticipée les capacités de transport nord-sud pour les quatre années à venir, une solution jugée inefficace par les industriels.