Les coteaux du Lyonnais, le pays de granit
Murs de gros blocs le long des prés, fermes solidement espacées, closes sur les quatre murs de leur cour, comme fortifiées, rochers épars dans les forêts : on est ici en pays de granit, qui fait éclore la Digitale pourpre, la Jasione des Montagnes, la Véronique officinale.
Ce pays est souvent sec et les feuilles coriaces du Nombril de Vénus s’adaptent à la rigueur des milieux. L’eau reste peu en surface. Il faut pour la tenir à disposition des mares, des retenues collinaires, sinon elle part en jolis ruisseaux discrets que sépare la ligne de partage des eaux.
Les Monts forment la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Loire, qui s’écoule vers l’Atlantique et le bassin du Rhône vers la Méditerranée. La Brévenne qui prend sa source à Viricelles se jette dans la Turdine, qui se jette dans l’Azergues affluent de la Saône. La Coise qui nait près du Crêt Malherbes, à 943 mètres, sur la commune de Marcenod, dans la Loire, se jette dans fleuve après Saint Galmier.
Ici on peut être pêcheur de truite au fil d’innombrables torrents ombragés. Il y ici a encore pas mal de rivières de qualité, comme le Conan où vit encore Barbeau méridional, ou d’autres rus où l’écrevisse à pattes blanches essaie de se maintenir contre l’expansion de l’Ecrevisse « signal ».
Aimer marcher dans de belles forêts
On n’est pas obligé d’être pêcheur. On peut aimer marcher dans de belles forêts indemnes d’enrésinement. En milieu agricole, le paysage floral est pauvre : peu d’insectes, peu d’oiseaux. Les bords de routes sont encore généreusement fauchés, les cultures efficacement protégées d’adventices qui ont fait disparaitre les coquelicots, ne laissent survivre que quelques bleuets.
Heureusement, se félicite Jean Claude Voute, du Syndicat d’Initiative de Saint Martin en Haute, le programme de plantation de haies permet de faire progresser le bocage. Mais en même temps, la nature n’est jamais très loin et au crépuscule, près des forêts il n’est pas impossible de surprendre un chevreuil. Avec de la chance, de la patience et du silence, ou pourra surprendre une pie grièche écorcheur, une pie grièche à tête rousse, ou encore une Huppe fasciée.
Dans les Monts Lyonnais il faut plus qu’ailleurs quitter les routes pour découvrir ici et là encore des milieux naturels. Les Monts sont un lieu de prédilection pour des centaines de marcheurs, des groupes conviviaux pour lesquels la randonnée est synonyme de retrouvailles. Il y a toujours aussi des coins perdus, des combes désertes, des jours et des heures de silence, que ne perturbe pas la pétarade d’une moto ou d’un quad, à peine dérangée par le passage d’un vététiste.
Les Monts recèlent encore de nombreux milieux à découvrir, des reliefs agréables, aérés, des forêts de feuillus, de magnifiques échappées, sur les Monts du Forez, sur la vallée de la Loire, sur le Pilat, sur les Alpes. On a le choix entre plusieurs secteurs des Monts, tous très bien reliés à Lyon et accessibles depuis Saint Etienne y compris en autocar. On peut découvrir les milieux des Monts depuis Saint Martin en Haut, depuis Chazelles sur Lyon, dans la Loire, ou depuis Saint Laurent de Chamousset.
Vallon du Rossand
On peut découvrir par exemple le vallon de Rossand sur les communes de Saint-Genis-L’Argentière, Montromant, Brussieu et Courzieu. Le vallon comprend 17 types de milieux qui abritent une faune remarquable. L’aulnaie-frênaie encadre le ruisseau du où vit l’écrevisse à pieds blancs. L’ancien front de taille d’une carrière offre le gite à des rapaces alors que pelouses, prairies naturelles et haies sont intéressantes pour les oiseaux. Le vallon abrite certaines espèces de chauves-souris et sert de zone de chasse pour de nombreux rapaces.
La bordure orientale des Monts du lyonnais qui domine les Côteaux, et au loin Lyon, la vallée du Rhône, offre un panorama sur les Alpes. Ici, il faut apprécier l’altitude, plus de 900 mètres souvent, des forêts de feuillus fraîches.
On peut aussi découvrir, plus à l’ouest, le canton de Saint Laurent de Chamousset et le chemin qui mène au nord en direction du Beaujolais. Le sentier part de la Giraudière, près de la Brévenne. Le sentier grimpe en direction de Montrotttier, puis rejoint la route qui mène à Villechenève. De là, à l’extrémité des Monts du Lyonnais, ou touche les Monts du Beaujolais, qui se signalent par les sommets enrésinés de la Tour Matagrin, à près de 1000 mètres, surmontés par un impressionnant relais de télécommunication. Il faut apprécier après Villechenève, en suivant le GR 7, une belle futaie parsemée de pins et marcher en direction du ruisseau, qui forme le cours supérieur du Torrenchin, au pied d’une prairie naturelle ou pâture tranquillement un troupeau. Les fleurs, les baies sauvages, fraises ou framboises poussent ici à foison, dans une diversité odorante où les insectes bourdonnent. Les Monts du Lyonnais, sont vraiment une montagne.
Michel Deprost