La recherche devrait inclure les aspects environnementaux et sanitaires très en amont, c’est une des conclusions que les auditeurs de la Conférence sur les nanotechnologies organisées dans le cadre des Mardis des Ingénieurs et Scientifiques par l’URIS et Enviscope.com. Sophie Kowal, déléguée Rhône-Alpes de l’INERIS et Bruno Masenelli professeur des Universités, chercheur à l’Institut des Nanotechnologies de Lyon présentaient des exposés. Ils ont échangé avec le public.
Les nanoparticules n’ont pas été inventées par les chercheurs. Des particules de quelques millièmes de millimètre existent dans la nature, dans des cendres, dans des fumées, ou produites par l’érosion. Des nanoparticules sont involontairement produites par l’homme : elles se trouvent dans la fumée des cigarettes, dans les émissions des moteurs thermiques, avec les particules PM 10 et PM 25, particules de 10 ou de 25 microns.
La création volontaire de nanoparticules donne lieu à mise en circulation de particules à des fins particulières qui peuvent générer comme les autres des effets sur l’environnement et suer la santé.
Bruno Masenelli a rappelé l’intérêt des nanoparticules : moins de consommation de matière, mais surtout création d’effets permettant des économies de matière, et surtout de propriétés nouvelles.
Que ce soit par gravure ou par assemblage d’atomes, les nanoparticules sont susceptibles d’accroitre les réactions chimiques en développant les surfaces de contact, comme elles permettent de miniaturiser des outils pour les insérer dans des environnements microscopiques, en ciblant mieux des localisations.
Des particules qui entrent loin dans les organismes
La taille des nanoparticules leur permet de se diffuser discrètement dans l’environnement et surtout de pénétrer dans des points des organismes vivants où elles peuvent entrainer des troubles. Si l’épiderme constitue souvent une barrière, l’inhalation est le mode de pénétration le plus fréquent. Les nanoparticules sont susceptibles d’entrer profondément dans le système respiratoire, pouvant occasionner des maladies par leurs propriétés de fibres ou par leurs effets chimiques.
Sophie KOWAL Déléguée de l’INERIS pour Rhône-Alpes a expliqué les actions de l’Institut sur l’effet de ces matériaux sur l’environnement et sur la santé. Sans parler des consommateurs exposés à des doses plutôt faibles les premières personnes concernées sont les travailleurs des nanoparticules dans le secteur de la recherche et dans le secteur de l’industrie. Quelque 5 000 à 6 000 personnes en France utiliseraient des nanoparticules dans des laboratoires ou par exemple, pour la fabrication de produits cosmétiques, de revêtements, de fibres de carbone.
L’INERIS a mis au point des normes pour des mesures de protection des travailleurs, des formations. Mais la prise en charge des nanomatériaux artificiels est encore largement incomplète. La gestion des grandes quantités de nanoparticules susceptibles d’être relâchées dans l’environnement n’est pas encore au point et des déchets sont stockés sans pour le moment de solution de traitement.
Au final, au-delà de l’évaluation de l’utilité des nanoparticules, il est important d’inclure la question environnementale et la dimension sanitaire dès l’amont de la recherche. Aujourd’hui, explique en substance Sophie Kowal, des nanoparticules sont mises sur le marchés avant que tous les effets sur la santé soient évalués. Les conseils d’emplois sont insuffisants voire inexistants. Il conviendrait d’étudier les effets sanitaires et environnementaux, avant la mise sur le marché. Il faudrait surtout développer la recherche sur les effets sanitaires et environnementaux, dès la phase de recherche amont.
Une démarche encore trop peu répandue, a expliqué Bruno Masenelli, tant la compétition est forte pour obtenir rapidement des innovations.