Une petite centaine de militants opposés aux nanotechnologies ont empêché ce jeudi soir à Lyon, la tenue de la réunion prévue dans le cadre de la Commission Particulière du Débat Public.
Les organisateurs s’attendaient à des perturbations. Plusieurs réunions, notamment à Rennes, à Clermont Ferrand, et surtout à Grenoble ont été perturbées depuis le lancement du débat public sur les nanotechnologies le 15 octobre à Strasbourg. La réunion de Lyon devait se tenir dans l’amphithéâtre Charles Mérieux de l’Ecole Normale Supérieure, sur le site Jacques Monod. Dès la fin de l’après-midi, les hôtesses étaient là comme une dizaine de vigiles interdisant l’entrée du bâtiment avant l’heure officielle de la réunion. Un filtrage en règle avec inspection des sacs, devait permettre d’éviter l’introduction de boissons.
L’intention d’empêcher tout débat
Mais pas celles de banderoles, de confettis, de boules de papiers. Le public à peine installé, l’ouverture à peine proclamée par Jean Bergougnoux, président de la CDDP, les opposants se sont levés avec l’intention ferme d’empêcher absolument tout débat. Ni les scientifiques présents à la tribune, ni le public venu pour écouter ou poser des questions n’ont été pris en compte par les manifestants. Après une gerbe de confetti, des banderoles ont été déployées au pied de la tribune, des boules de papier lancées vers les participants (programmés au débat).
L’intention des manifestants, dont une bonne proportion était venue de Grenoble, était bien d’interdire de fait la tenue du débat et non pas d’exprimer leur point de vue, comme Jean Bergougnoux les a invités à le faire, dans un brouhaha qui n’a jamais faibli. Leur conviction étant faite les opposants ont scandé, les « nanos on n’en veut pas ». Ils ont refusé de prendre la parole, d’ouvrir un échange dans une opération qui aurait signifié pour eux apporter une caution à une technologie, et à des technologies (OGM, nucléaire) qu’ils désapprouvent.
La tension verbale est parfois montée, sous le regard un peu complice de deux candidats tête de Liste d’Europe Ecologie, Alain Chabrolle, candidat dans l’Ain, et Véronique Moreira, dans le Rhone. (voir par ailleurs la position d’Europe Ecologie). Deux membres de la Commission ont occupé la tribune pour tenter de convaincre les opposants, dénonçant des comportements totalitaires. Ils ont souligné que le refus du débat, de l’échange, se trouvait bien du côté des opposants au comportement fascisant, et non du côté des organisateurs. En vain. Les manifestants n’ont pas arrêté de bombarder les membres de la Commission de boules de papiers, de confettis en couvrant leur parole.
La situation a finalement pourri. Les membres de la commission ont pris le chemin d’un hôtel lyonnais où une solution de repli était organisée pour permettre la retransmission d débat par Internet. Aux environs de 20 heures 30, les manifestants eux –mêmes se sont retirés.
Dans le hall d’entrée, les cahiers d’acteurs étaient encore là, presque intacte. Les cahiers d’acteur renferment les positions de plus d’une quarantaine d’organisations qui apportent toutes leur point de vue au débat public. Point de vue d’associations, de consommateurs, de syndicats, d’agences publiques chargés de la santé, de chercheurs, ces contributions sont loin d’être unanimes, et encore moins, naïves par rapport aux nanotechnologies. Elles reflètent les points de vue d’acteurs engagés dans la sociétés qui n’ont pu s’exprimer physiquement ce jeudi Lyon dans un débat où beaucoup est encore à construire ( santé, information des consommateurs, etc).

