Les Néandertaliens étaient présents non seulement en Europe et au Proche Orient, mais aussi en Asie Centrale. Et ils étaient peut-être aptes au langage. C’est ce qu’on prouvé grâce à l’étude de l’ADN, des travaux auxquels ontparticipé Ludovic Orlando et Catherine Hänni, de l’Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon (UMR 5242, CNRS-UCBL- ENS-INRA). Ils ont été les auteurs avec collaboration avec l’équipe de Svante Pääbo au Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology de Leipzig en Allemagne. L’information a été publiée sur le site de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon.
On pensait jusqu’alors les Néandertaliens confinés en Europe et au Proche-Orient, la plupart des paléontologues s’accordant pour admettre des incursions en Asie Centrale. Ces incursions ont été confirméespar l’équipe Paléogénétique et Evolution Moléculaire de l’IGFL ( Institut de Génomique Fonctionnelle ), unité mixte vient de participer à un article majeur paru dans la revue Nature du 18 octobre dernier.
Les chercheurs ont analysé de séquences d’ADN mitochondrial provenant de fossiles qui vivaient il y a 70 000 ans et 30 000 ans dans les plaines ouzbèkes (Asie Centrale) et dans les montagnes de l’Altaï (Sibérie). Les séquences des spécimens asiatiques sont très proches des Néandertaliens d’Europe. Cette analyse a prouvé leur présence et étendu l’aire de répartition.
Un gène d’aptitude au langage
Par ailleurs les chercheurs de l’Institut de Génomique Fonctionnelle ont participé à la rédaction d’un article paru le 6 novembre dans Current Biology (Krause et al., Current Biology, 17, 2007) sur l’analyse chez Néandertal, du gène FOX-P2, qui interviendrait dans les capacités du langage. La recherche a porté sur l’analyse du gène FOX-P2 présent dans le génome humain et chez deux néandertaliens qui vivaient dans l’actuelle Asturie ( Espagne) . Ce gène fait partie des cinq gènes les plus conservés chez les Mammifères.
Deux mutations
La séquence humaine diffère de celle des autres mammifères par deux mutations particulières et son inactivation entraîne des déficiences dans l’acquisition du langage et l’articulation des mots chez l’homme. Le génotypage des deux néandertaliens en question a révélé qu’ils portaient tous deux lesdites mutations ! Nos populations et celles de l’Homme de Neandertal ont donc hérité ces mutations particulières de leur dernier ancêtre commun. Cela signifie que Neandertal était lui aussi doué de capacités linguistiques ? Cela peut aussi signifier que FOX-P2…ne serait pas le seul gène impliqué dans le langage…
On a fêté en 2006 le cent cinquantième anniversaire de la découverte de l’Homme de Néanderthal. Le séquençage de la totalité de son génome a été entrepris depuis l’année dernière et promet d’être achevé dans les quelques années. Les hommes de Neandertal étaient génétiquement plus divers que ce qui était alors estimé, grâce à l’analyse d’une dent d’un Néandertalien datant d’il y a 100 000 ans
Références des deux articles :
Krause, J, Orlando, L, Serre, D, Viola, B, Prüfer, K, Richards, M, Hublin, JJ, Hänni, C, Derevianko A and Pääbo S. Neanderthals in Central Asia and Siberia. Nature 449: 902-904 (2007).
http://www.nature.com
Krause J, Lalueza-Fox C, Orlando L, Enard W, Green RE, Burbano HA, Hublin JJ, Hänni C, Fortea J, de la Rasilla M, Bertranpetit J, Rosas A, Pääbo S The Derived FOXP2 Variant of Modern Humans Was Shared with Neandertals.. Current Biology, 17: 1908-1912 (2007).
http://www.current-biology.com