Il faudra une dizaine d’années pour comprendre ce qui s’est passé à Fukushima. Philippe Ledenvic, Directeur régional de l’Environnenment, de l’Aménagement et du Logement de Rhône-Alpes, et Grégoire Deyirmendjian, Délégué de l’Autorité de Sûreté Nucléaire ( ASN) pour Rhône-Alpes et l’Auvergne reconnaissent la situation complexe créée par la catastrophe.
Ils ont rappelé ce mercredi en présentant le bilan 2011 du nucléaire en Rhône-Alpes qu’aucune des quatre centrales de la région n’est ” inquiétante” . Mais pour réduire encore les risques, les exploitants nucléaires devront réaliser d’importants investissements.
Salle de commande bunkerisée
Le 26 juin, l’Autorité de Sûreté Nucléaire a demandé aux exploitants d’installations nucléaires d’aller au delà des modifications demandées dans un premier temps après la catastophe japonaise. Sont concernés le CEA pour des réacteurs de recherche, AREVA pour ses installations de Tricastin, et surtout EDF. Les demandes de l’Autorité de Sûreté imposent à EDF de réaliser environ 10 milliards de travaux.
D’ici à la fin de 2014, EDF devra avoir mis en place une Force d’Action Rapide Nucléaire capable d’intervenir partout en cas de crise. Au début de 2013, EDF devra avoir proposé un système de centre de pilotage bunkerisé pour chaque centrale. ” Il existe déjà des salles de contrôle sécurisées, mais il faut mettre en place des salles protégées des effets d’un accident, où les personnes puissent travailler, disposer de vivres, en ayant accès aux informations sur le fonctionnement des installations tout en restant en contact avec l’extérieur” explique Philippe Ledenvic. A Fukushima, le pilotage des centrales avait été rendu difficile faute de ce type de salle de commande.
Protéger le combustible stocké
Les piscines d’entreposage du combustible, devront aussi être protégées du risque de dénoyage. Le combustible usé mais encore capable de réaction est en effet stocké dans des piscines dont l’eau permet ralentir toute réaction et donc d’arrêter tout échauffement.
Enfin, chaque centrale devra réaliser des travaux pour la protection des eaux superficielles et souterraines. A Fukushima des eaux contaminées provenant du réacteur, du circuit primaire, ou des eaux utilisées pour l’arrosage des installations avaient pollué le sol et les nappes. Une enceinte géotechnique permettra de réduire ces risques.
Tous ces travaux demandent des études, supposent des innovations, des procédures longues. Ils nécessiteront des années pour être achevés. Le calendrier des renouvellement d’autorisation pour l’exploitation des centrales en tiendra compte. Des échéances seront fixées pour chaque amélioration. Et l’ASN promet d’être inflexible.