Les chirurgies gastriques de l’obésité reposent d’abord sur une réduction de la taille de l’estomac, notamment grâce à la pose d’un anneau gastrique. Lorsque l’obésité est accompagnée de diabète, le diabète s’améliore après que les patients ont perdu du poids. L’effet spécifique, encore mal compris, du « bypass » est une amélioration très rapide et marquée du diabète, dès la sortie de l’hôpital, bien avant que les patients aient perdu du poids.
La technique « by pass » consiste à réduire la taille de l’estomac, mais aussi à dériver des aliments directement dans l’intestin distal (très éloigné de l’estomac avant l’opération). L’intestin proximal relié à l’estomac avant l’opération reste en place, mais ne reçoit plus d’aliments. L’équipe de Fabrizio Andréelli (Unité Inserm 695, Hôpital Bichat, Paris) a mis au point des modèles de chirurgie gastrique « anneau » et « bypass » chez la souris pour comprendre les effets spécifiques des deux techniques.
Un message vers le cerveau
L’existence dans l’intestin d’un système nerveux capable de détecter le glucose et de transmettre un signal au cerveau était connu. En 2005, l’équipe de Gilles Mithieux (Unité Inserm 855, Université Lyon 1, INRA–USC 2028) avait montré que l’intestin, lorsqu’il induit la synthèse de novo de glucose active en réponse ce signal qui diminue la sensation de faim. Le signal provoque des effets bénéfiques sur le contrôle de la glycémie.
Les équipes de Fabrizio Andréelli et de Gilles Mithieux, en collaboration avec celles de Christophe Magnan (Laboratoire de physiopathologie de la nutrition, CNRS/Université Paris Diderot) et Bernard Thorens (Lausanne) ont voulu voir le rôle éventuel de la néoglucogenèse intestinale dans les effets spécifiques du « bypass » gastrique.
Les chercheurs ont alimenté des souris avec un régime riche en graisse et en sucre pour reproduire l’état métabolique des obèses diabétiques. Ils ont observé une expression forte des gènes de la synthèse de glucose sur toute la longueur de l’intestin des souris « bypass », mais pas des souris « anneau ».
La conclusion est claire: Une libération de glucose dans la veine porte qui perdure entre les périodes d’assimilation des repas suffit pour activer le signal nerveux de la veine porte et réduit la sensation de faim. Cette libération entraine une amélioration marquée de l’efficacité de l’insuline à diminuer la glycémie.
Ces recherches permettent de mieux comprendre l’amélioration rapide du diabète observée après la chirurgie gastrique de l’obésité dite « bypass », et devrait amener à de nouvelles stratégies thérapeutiques, chirurgicales ou médicamenteuses, non seulement de l’obésité, mais peut-être aussi du diabète chez l’homme ».
“Intestinal Gluconeogenesis Is a Key Factor for Early Metabolic Changes after Gastric Bypass but Not after Gastric Lap-Band in Mice” Cell metabolism, 3 septembre 2008 DOI 10.1016/j.cmet.2008.08.008