Le rapport Nanotechnology, climate and energy: over-heated promises and hot air (1) publié par les Amis de la Terre de trois régions du monde, montre selon les associations “le véritable coût environnemental et énergétique des nanotechnologies, que l’industrie des nanotechs essaie de faire passer pour une technologie « verte ». Le rapport entend démontrer que leurs usages actuels ne produisent aucun bénéfice contre les changements climatiques, l’épuisement des ressources et les pollutions. Le rapport estime au contraire, que les nanotechnologies augmentent la consommation énergétique et créent de nouveaux risques environnementaux.
Selon Magda Stoczkiewicz, directrice des Amis de la Terre Europe : « Les nanotechnologies peuvent en théorie modifier la façon dont nous exploitons, utilisons et stockons l’énergie. Mais en réalité, les produits recourant aux nanotechnologies requièrent une quantité importante d’énergie aux dépens de l’environnement, sans fournir les économies attendues. »
Un ” greenwashing considérable”
Le rapport estime que « les nanotechnologies ont fait l’objet d’un greenwashing considérable ». Les industriels, comme on peut le dire aussi certains laboratoires de recherche présentent les nanotechnologies comme une solution aux problèmes environnementaux et énergétiques. Mobilisant moins de matière, moins d’énergie, pour une efficacité accrue, les nanotechnologies sont en effet souvent présentées comme une sorte de panacée aux problèmes environnementaux actuels.
Or pour les Amis de la Terre « investir dans leur développement détourne des solutions écologiques vraiment efficaces ». Leurs usages actuels, tels que chaussettes, équipements de sport ou cosmétiques enrichis en nanoparticules, n’apportent ni économies d’énergie ni bénéfice environnemental, mais exigent beaucoup de matières premières, de ressources et d’énergie. Ce point avait été souligné en France lors du débat public sur les nanotechnologies. Les conclusions du débat retenaient même l’idée que les nanotechnologies devaient être mobilisées en priorité lors que les effets environnementaux sont positifs.
Pour Ian Illuminato des Amis de la Terre Etats-Unis, co-auteur du rapport, « Malgré les allégations des industriels, les nanotechnologies ne peuvent contribuer à réduire nos consommations d’énergie et nos émissions de gaz à effet de serre. Dans la pratique, c’est l’inverse qui se dessine : les nanotechnologies donneront aux décideurs politiques une excuse pour poursuivre comme avant, reléguant au second plan des choix technologiques plus intelligents et les nécessaires changements radicaux de nos modes de consommation et de production. Les nanotechnologies n’ont rien d’une solution clé-en-main pour la crise environnementale. Au mieux, elles pourraient avoir un léger impact positif sur quelques problèmes énergétiques et climatiques, mais elles risquent surtout de beaucoup aggraver la situation globale. ».
Au contraire des affirmations de nombreux promoteurs des nanotechnologies, Georgia Miller, des Amis de la Terre Australie, co-auteur du rapport : « il importe que les citoyens comprennent que nombre d’applications des nanotechnologies ont un très fort coût environnemental. Par exemple, alors que nous devons réduire notre dépendance aux énergies fossiles, on assiste à des investissements croissants dans les nanotechnologies pour trouver davantage de pétrole et de gaz, au lieu d’investir dans les formes d’utilisation des énergies renouvelables les plus respectueuses de l’environnement. »
[1] Pour lire le rapport en anglais rendez-vous ici : http://www.foeeurope.org/publications/2010/nano_climate_energy_nov2010.pdf