Puberté précoce : le rôle de environnement doit être étudié
L’Institut National de Veille Sanitaire a publié une synthèse sur la puberté précoce, un trouble lié en partie seulement à des expositions environnementales. C’est ce que rappelle le service d’endocrinologie des Hospices Civils de Lyon. Les investigations doivent être approfondies.
La puberté précoce est définie des signes cliniques de puberté avant l’âge de 8 ans chez les filles et 9 ans chez les garçons. Dans 90% des cas, la pathologie est liée à un dérèglement central de l’axe hypothalamo-hypophysaire. Certaines causes (lésions du système nerveux central, facteurs génétiques) et certains facteurs de risque (obésité, adoption internationale, absence du père biologique dans le foyer) sont connus ou suspectés.
Dans pratiquement 80% des cas, une puberté précoce centrale est sans cause identifiée. Il s’agit alors d’une puberté précoce centrale idiopathique (PPCI).
La puberté précoce est 10 fois plus fréquente chez les filles que chez les garçons. Chez les filles âgées de 0 à 9 ans, le taux d’incidence de PPCI est de 2,68/10 000, selon un modèle sur trois années (2011 à 2013). Le nombre de cas observés est de 1 173/an, moyenné sur ces trois années. Pour les garçons de 0 à 10 ans, ce taux d’incidence est de 0,24/10 000 et le nombre de cas est de 117/an. Une modélisation spatiale met en évidence des incidences élevées dans le Sud-Ouest (autour de Toulouse) et le Centre-Est (autour de Lyon).
Mais le Pr Marc Nicolino, Chef du Service d’Endocrinologie pédiatrique de l’hôpital Femme Mère Enfant des Hospices Civils de Lyon, à Bron, donne quelques pistes d’explication plausibles et entend rassurer les riverains des zones ciblées. Le Pr Nicolin rappelle que les chiffres de la synthèse INVS sont issus des données de l’Assurance Maladie qui comptabilisent les patients déclarés et surtout traités.
Un rôle de l’environnement
La disparité géographique doit certainement être prise en compte mais un rôle causal exclusif de l’environnement est discutable. « Les Centres de Lyon et Toulouse sont de grosses structures drainant une population importante sur le plan régional et prenant en charge depuis longtemps cette pathologie sur la base de modalités comparables et uniformes » explique Marc Nicolino. ” Ces centres dépistent activement la puberté précoce et traitent systématiquement les jeunes patients cece qui n’est pas forcément le cas d’autres Centres dans d’autres régions. Certains centres ne dépistent pas et ne traitent pas systématiquement cette pathologie. Dans ce cas, les patients n’apparaissent pas autant dans le registre de l’étude en question, ce qui peut fausser la fréquence réelle de la maladie.“
L’INVS confirme ces disparités. Des entretiens semi-directifs avec des équipes hospitalières d’endocrino-pédiatres dans cinq régions ont identifié quelques variations de pratique pouvant influencer le repérage, le diagnostic et le traitement des PPCI.
Mais, pour l’INVS, ces variations ne peuvent expliquer l’ampleur des différences d’incidence. ” L’hétérogénéité spatiale marquée structurée suggère qu’il existe des facteurs de risque présents sur des surfaces importantes et contigües, ce qui est notamment compatible avec des expositions environnementales. Ces résultats incitent à mettre en place des études étiologiques ciblées sur les facteurs environnementaux potentiels.”