Le Conseil régional a voté ce vendredi matin plusieurs mesures de soutien à l’économie. Les mesures ont été votées par les groupes PSEA, PGA, PC, VERT, PRG, Centre, UMP, et MoDem. Le Front National s’est abstenu.
Les mesures renforcent les plan de soutien déjà voté à hauteur de 62 millions par la collectivité. Elles confirment l’effort d’investissement régional voté en décembre 2008 à hauteur de 712 M€. Deux mesures concernent les modalités de paiement des commandes régionales. Le Conseil régional autorise la Région à abaisser à 20 000 € HT le seuil autorisant une avance, et à augmenter le taux d’avance de 5 à 20 % du montant TTC du marché. Les Conseillers ont aussi autorisé de nouvelles conventions d’attribution de subventions du Fonds Régional d’Action d’Urgence (FRAU) et celles relatives aux Contrats d’Aide et de Retour à l’Emploi Durable (CARED). La Région signera aussi un avenant à la convention entre l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU) pour de nouvelles opérations pour un montant subventionné d’environ 25 M€ de crédits ANRU et 5 M€ de crédits régionaux.
Clivages nationaux
La discussion de ces mesures a été l’occasion pour la majorité et l’opposition régionales, d’échanger en suivant les clivages nationaux.
Christian Avocat, pour le Groupe Socialiste, écologiste, et apparentés (GSEA), a critiqué l’insuffisance du plan de relance du gouvernement, estimant que le plan correspond en grand partie à des rattrapages d’engagements antérieurs. Il a évoqué non pas la France qui se lève tôt, mais la « France qui n’arrive pas à dormir ». La position d’André Friedenberg (Parti radical de Gauche) a été proche de la position du groupe SEA.
Dans la majorité régionale, le souci de la défense immédiate de l’emploi est exprimé par le PC. Cécile Cukierman, pour le groupe communiste a dénoncé la « fanfaronnade » du gouvernement en matière de relance et justifié les actions régionales.
Accompagnement de l’Etat
Denis Chambe, pour le MODEM, a déclaré que l’exécutif régional communiquait beaucoup. « Nous attendions des informations nouvelles, mais nous avouons notre déception. Le rapport montre l’accompagnement d’actions entreprises par l’Etat. Sur 7 propositions, 2 relèvent de l’initiative de l’état, 2 rappellent l’accompagnement à l’ANRU et deux ont trait à des délégations. Vos très longues justifications montrent les limites de l’exercice »
Emmanuel Hamelin a répondu aux attaques visant la politique gouvernementale. Le conseiller UMP a expliqué que le gouvernement et l’Etat étaient au contraire très actifs, par exemple dans le domaine de l’aide aux entreprises par le biais d’OSEO. « Notre collectivité fait du cholestérol , a au contraire critiqué le responsable UMP. Le problème reste notre fort niveau d’endettement et d’imposition. Il a tellement augmenté que notre capacité à gérer la crise est d’une grande faiblesse.» Pour Emmanuel Hamelin, « la Région a cherché à articuler ses propres interventions avec celles décidées par le Gouvernement. C’est que, finalement, elles ne sont pas si mauvaises que ça !»
Ouverture internationale en question
En filigrane les débats ont laissé apparaître des divergences d’appréciations sur la manière dont le soutien à l’activité s’inscrit dans une vision économique plus globale. La crise, fait s’exprimer des positions globalement très protectionnistes, donnant la priorité aux besoins régionaux.
C’est la vision défendue par le Front National. Bruno Gollnisch de rappeler par exemple, que le premier ministre travailliste anglais a lancé la préférence nationale en matière d’emploi, de citer le patriotisme économique de du premier ministre socialiste espagnol invitant Zapatero les consommateurs à consommer national.
A l’autre bout de l’échiquier, le positionnement international de la Région fait aussi question. Des divergences apparaissent sur deux points : l’inscription dans l’international et le rapport aux nouvelles technologies. Gérard Leras met en cause la dimension trop productiviste, trop ouverte sur l’international de l’action régionale. « Etre trop tourné vers les exportations crée en fait une forte vulnérabilité» estime le président du groupe des Verts. Gérard Leras estime aussi que l’engagement de Rhône Alpes dans les hautes technologies crée un risque de vulnérabilité. Pour le président du Groupe des verts, il faut préparer une décision modificative budgétaire, et mettre en œuvre une politique axée sur les trois R : reconversion, relocalisation, redistribution. Myriam Combet (La Savoie) dénonce les sommes financées pour l’international, par exemple pour ERAI et pour la participation d’entreprise à des salons à l’étranger.
En temps de crise, l’inscription de Rhône-Alpes dans le contexte mondial, économique et technologique, est un débat stratégique qui n’est qu’effleuré.