Première activité économique en France, le tourisme l’est aussi en Rhône-Alpes avec 7% du produit intérieur brut et plus de 220 000 salariés. La Haute-Savoie est bien placée avec une part de 25% de l’économie départementale qui relève du tourisme, et plus encore en valeur pour la montagne. L’autre qualité de ce tourisme haut-savoyard est sa capacité à produire une activité toute l’année, a relevé Marc Béchet, directeur général de Rhône-Alpes Tourisme qui s’est exprimé le 9 avril dans le cadre d’une Conférence départementale Economie Emploi Formation à Annecy sous l’égide de l’Etat.
Séduire les jeunes
“La Haute-Savoie a une spécificité avec une saisonnalité moins marquée qu’en Savoie” a pour sa part précisé Côme Vermersh, directeur général de Savoie Mont-Blanc Tourisme. Pour autant, deux clientèles hiver/été coexistent avec des passerelles entre les deux, ce qui amène à une complexité dans les enjeux propres à ce département. Autre caractéristique: la présence de nombreux touristes étrangers en volume, avec des marges de progression qui existent elles aussi “même si elles paraissent lointaines”. A côté de sa marque mondiale, Chamonix et le Mont-Blanc, la Haute-Savoie présente des spécificités avec ses lacs, la montagne et un espace rural important aux caractéristiques paysagères porteuses.
“Il s’agit de fidéliser la clientèle existante mais aussi de séduire les jeunes en retrouvant notamment de l’attractivité durant l’été”, a complété Côme Vermersh, relevant que la Haute-Savoie gagne des séniors mais perd les 18-24 ans. D’où l’importance d’un maillage global des acteurs prêts à travailler de façon collective. Il s’agira notamment de sensibiliser les jeunes dès le plus jeune âge, en terme de considération et de qualification pour qu’un sursaut s’opère vers les professions du tourisme, a encore estimé Marc Béchet, appelant à la valorisation de l’humain dans tous les métiers du tourisme.
Assurer la relève
D’autant que, comme l’a souligné Lucyane Becart, directrice territoriale de Pôle Emploi en Haute-Savoie,” il s’agit d’anticiper un trou majeur avec un actif sur trois qui va quitter son emploi pour la retraite d’ici à 2017, et cela tous secteurs confondus”. Prônant dès aujourd’hui le nécessaire renouvellement des générations, elle a incité les employeurs présents, notamment ceux de l’hôtellerie-restauration, à prendre les devants en recrutant et en formant maintenant des jeunes aux métiers du tourisme. “Cela ne se décrète pas d’avoir du personnel qualifié, il faut s’y être préparé”.
Face à ces constats, le tourisme en Haute-Savoie devra à la fois varier son offre en proposant un tourisme pour tous, et intégrer davantage encore le problème des saisons. “On peut faire mieux en Rhône-Alpes, c’est le seul secteur sur lequel on a un gisement d’emplois”, a ajouté Eric Fournier, maire de Chamonix. Convaincu lui aussi de la nécessité d’anticiper, il a incité à un travail en amont qui évite les cloisonnements et rappelé toute l’importance de coller avant tout aux besoins locaux.
A l’avenir, il s’agira à la fois de faciliter l’investissement dans le tourisme pour maximiser l’efficacité locale, d’intégrer la problématique des accès, notamment via le réseau ferroviaire, et de développer en même temps le tourisme social, a estimé Eric Fournier en donnant quelques pistes de réflexion. A la clé c’est la compétitivité du département qui est en jeu a, pour sa part, conclu le préfet de la Haute-Savoie, François-Georges Leclerc, indiquant que dans les dix ans, quelque 6000 salariés par an vont partir à la retraite : ” Il faudra bien les remplacer dans l’industrie certes, mais aussi dans l’hôtellerie et le tourisme”. De quoi inciter les partenaires de la Haute-Savoie à une stratégie collective offensive.