Les transports diffus de matières dangereuses doivent mieux être englobés dans la politique de gestion des risques. Une vision plus globale est nécessaire, incluant routes, autoroutes, fer, lignes à haute tension, canalisation. Et les collectivités ne peuvent avoir cette vision globale. C’est ce qui ressort d’un échange lors d’un colloque récent organisé par le Cemagref, au Grand Lyon.
Le transport des matières dangereuses ( TMD) n’est pas encore assez abordé d’une manière globale. C’est ce qui ressort d’échanges sur ce thème, lors du colloque sur les risques naturels et technologiques organisé le 10 octobre par le CEMAGREF ( Centre d’Etudes du Machinisme Agricole, du Génie Rural et des Eaux et Forêts) avec le soutien du Grand Lyon.
L’échange a suivi la présentation par Philippe Blancher, d’ASCONIT, bureau d’études enenvironnement basé à Lyon, sur le transport des matières dangereuses dans l’agglomération lyonnaise.
Evidemment, l’impact des TMD , Transports de Matières Dangereuses (TMD) peut paraître plus faible que l’impression qu’on peut en avoir à priori. Les TMD représentent 5% du trafic routier, mais 1,5 % des accidents corporels de poids lourds et seulement 8 pour 1000 des accidents. En 1997, année noire, on a compté 35 tués dans des accidents impliquant des transports de matières dangereuses. « Mais un tiers seulement implique la matière dangereuse» explique Philippe Blancher.
Risques très élevés
Les matières dangereuses transportées comportent pourtant des risques potentiels très élevés. La catastrophe de Los Alfaques, en Espagne, a provoqué 216 morts, et à Nississauga, près de Toronto, un accident a nécessité l’évacuation 200 000 personnes. Les dégâts sur l’environnement peuvent aussi très importants comme on l’a vu pour la commune de Chavanay, dans la vallée du Rhône, lors d’un accident ferroviaire.
Le territoire s’efface
Les TMD peuvent bien sûr être intégrés dans des politiques locales de risques majeurs. C’est ce qui a été fait dans l’agglomération lyonnaise traversée de TMD nombreux. En 1987, la création de la mission Transport de Matières Dangereuses a permis de prendre en charge le dossier, mais depuis, la mise en œuvre a été limitée. Car le système des transports reste en effet très ouvert. L’ouverture des marchés, rappelle Philippe Blancher,fait qu’on n’interdit pas un mode de transport. La liberté reste le principe. ” Le territoire s’efface, il ne permet pas d’imposer des interdits. On impose seulement des règles de sécurité. Deux logiques sont en jeux, celle de la libre circulation, qui suppose la fiabilité du transport alors que la prise en compte des risques majeurs évalue l’impact” résume Philippe Blancher.
Il y a donc encore fort à faire pour mettre en place un système plus strict qui réduise davantage les risques. Les collectivités doivent s’impliquer plus fortement, et certaines peinent à mettre en place des politiques. Elles doivent mieux connaître les flux, mais s’il y a des études, les résultats utiles tardent à arriver.
Vallée du Rhône
Et il faut avoir une vision plus globale et la demande vers l’Etat est forte. Xavier de Fürst, préfet Sécurité et Défense pour Rhône-Alpes, s’interroge sur la compatibilité des wagons contenant des produits incompatibles lors du stationnement ou du transport. Il insiste sur la prise en compte des TMD ne sont parfois pas signalisés. « Il y a des camions transportant des matières diverses, mais on connaît mal les conséquences et les possibilités d’action des moyens de secours ». Nombreux sont aussi, en ville même, les transports non signalés, qui contiennent des substances dangereuses. Et il ne faut rien oublier dans la longue liste des TMD. Des intervenants ont évoqué les transports de matières nucléaires, alors que le représentant de l’Association Nationale des communes exposées à des Risques Technologiques Majeurs, pose la question des canalisations enterrées.
Les représentants d’autres collectivités, mettent l’accent sur le voisinage d’axes de circulation , dans la Vallée du Rhône, où des milliers de personnes peuvent se trouver dans le périmètres de zones potentiellement dangereuses, sur une autoroute parcourue de camions, à deux pas de voies ferrées où roulent aussi des convois de matières dangereuses, le tout sous des lignes à haute ou très haute tension. ” Nous avons réféchi pendant cinq ans et nous avons ressenti une absence globale de l’administration et des technologues sur le sujet ». regrette un élu de la vallée du Rhône “. Sur l’A 7 et la N7 , 400 convois de matières dangereuses passent certains jours”. Il faut, explique cet élu, passer d’une analyse probabiliste à une analyse déterministe qui permettra d’avoir une idée plus précise du risque.