Le Comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et le Muséum national d’Histoire naturelle, en partenariat avec la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux), la SEOF (Société d’études ornithologiques de France) et l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) ont établi un état des lieux alarmant. Sur 277 espèces d’oiseaux nicheurs en métropole 73 sont menacées.Cette proportion est beaucoup plus élevée qu’au niveau mondial, où 12% des espèces d’oiseaux sont menacées d’extinction. Les principales causes du déclin des populations d’oiseaux sont connues depuis longtemps: pratiques agricoles encore largement intensive, initiatives encore marginales pour une agriculture respectueuse de la diversité, urbanisation encore galopante sous des formes diverses ( y compris avec des projets massifs comme le Grand Stade de l’OL à Lyon), drainage des zones humides, régression des bocages, des haies, des prairies naturelles riches de diversité végétales et animales, par exemple d’insectes.
Le Râle des genêts souffre de la disparition des prairies alluviales. Classé “En danger”, il a subi une diminution de 50 % de ses effectifs en 10 ans. La Pie-grièche à poitrine rose, extrêmement rare risque de disparaître de France. Classée “En danger critique”, elle ne compte plus aujourd’hui que 30 à 40 couples sur le territoire. Les pollutions dues aux hydrocarbures et la réduction des ressources alimentaires liée au changement climatique affectent les oiseaux marins, comme le Pingouin torda et le Macareux moine. Les tirs au fusil et l’empoisonnement par des appâts toxiques menacent les rapaces, pourtant protégés, comme le Milan royal.
Au moins 15 espèces migratrices en danger
La métropole accueille des populations importantes d’oiseaux migrateurs (hivernants ou de passage), parmi lesquelles au moins 15 sont menacées. Le Phragmite aquatique, classé “Vulnérable”, est victime de la dégradation des milieux humides. Le réchauffement du climat entraine le glissement vers le Nord des aires d’hivernage de certaines espèces qui ne sont désormais plus observées en métropole qu’en très faibles effectifs. C’est le cas de la Macreuse brune et du Cygne de Bewick, tous deux classés “En danger”.
La protection des rapaces, des hérons et des oiseaux coloniaux a permis des reconquêtes inespérées il y a 40 ans. Les actions de protection des zones humides engagées depuis trois décennies dans le cadre de la convention de RAMSAR ont contribué à améliorer la situation de certaines espèces d’oiseaux d’eau. Les plans nationaux d’action, mis en place récemment, devront permettre d’accentuer les efforts déployés pour les espèces les plus menacées.
michel.deprost@enviscope.com, avec le texte du Muséum National d’Histoire Naturelle
Dossier complet et liste des espèces en téléchargement ci-dessus et sur : www.uicn.fr