Neutre pour le climat, le bois énergie ne l’est pas pour la qualité de l’air. La combustion du bois émet divers polluants potentiellement dangereux: particules, benzène, etc. Une étude des associations de surveillance de la qualité de l’air, membres du GIE Atmo-RhôneAlpes ( ASCOPARG, COPARLY, SUP’AIR, ATMO DROME ARDECHE et AMPASEL) estime qu’il faut mieux connaître les utilisations du bois-énergie et les émissions. Et il faut sensibiliser professionnels et consommateurs.
Les effets de la combustion du bois sur la qualité de l’air ne sont pas neutres.
Une étude réalisée à Méaudre ( Vercors, Isère) a montré du 18 novembre 2004 au 21 janvier 2005, en pleine période de chauffage, l’influence du chauffage domestique au bois dans les concentrations d’hydrocarbures aromatiques polycycliques ( HAP). Le programme Pollution des Vallées Alpines ( POVA), estime entre 10 et 30% la contribution de la combustion de bois dans la présence de particules PM10 qui pénètrent dans le système respiratoire. L’INERIS ( Institut National d’Etudes sur les Risques Industriels et la Sécurité) estime que pour les habitants d’un village « fictif » dont une centaine de maisons sont chauffées au bois les concentrations estimées de HAP, PM2,5 et benzène peuvent atteindre des niveaux équivalents à ceux mesurés en milieu urbain.
Tout cela doit être mieux connu. En effet, explique l’étude de Coparly « de nombreuses incertitudes demeurent sur les émissions de polluants liées à la combustion du bois».
285 chaufferies collectives
en 2004 contre 41 en 2000
Or, le chauffage au bois se développe rapidement en Rhône-Alpes, rappelle l’étude qui vient d’être publiée par l’association de surveillance de la qualité de l’air. Sans parler des chaudières individuelles, le nombre de chaudières collectives est passé de 41 en 2000 à 284 en 2004.
Théoriquement la combustion de bois ne devrait produire que du carbone et de l’eau. Dans la pratique, elle est incomplète et le bois ( comme les incendies de forêts) produit en brûlant du CO2, des COV ( Composé Organiques Volatils) , des HAP ( Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) des dioxines et des furannes.
Pour les matériels eux-mêmes les principales normes ne prennent en compte que le rendement thermique et l’émission de CO, mettant de côté l’émission d’autres substances et de particules.
Les études manquent aussi sur l’utilisation réelle des équipements, leurs émissions et les effets sur la qualité de l’air, intérieur comme extérieur. Une étude MEDD ( Ministère de l’Environnement/ADEME en collaboration avec le CITEPA ( Centre Interprofessionnel des d’Etudes Techniques sur la Pollution Atmosphérique) , le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) avec l’université de Savoie a commencé fin 2006 mais ne sera achevé qu’à la fin de 2008. Des données existent qu’il faut préciser: savoir quelle est la part de benzène dans la famille des Composés Organisques Volatils ( COV) .
Des mesures en Suisse et en Allemagne
Il faut aussi prendre des mesures. Coparly cite des décisions en Suisse pour les installations. Les chauffages d’une puissance maximale de 350 kW ne pourront être commercialisés que s’ils sont conformes aux normes de l’Union Européenne. La valeur limite de particules pour les chauffages au bois d’une puissance de 70 kW sera réduite. En Allemagne, l’étude de Coparly rappelle les consignes des pouvoirs publics : suppression des vieux foyers, choix d’un combustible propre et sec, fonctionnement conforme aux conseils de l’installateurs, entretien avant chaque période de chauffe.
En conclusion, l’étude estime nécessaire « dans le cadre d’un développement durable du bois énergie» de renforcer les connaissances, notamment sur les émissions
atmosphériques des différents matériels en fonctionnement réel. Il faut aussi sensibiliser les professionnels à l’importance du dimensionnement des installations. Il faut sensibiliser les consommateurs sur la provenance du bois: on ne brûle pas n’importe quoi. Il faut enfin renforcer les travaux sur le traitement et la filtration des émissions.