L’innovation technologique en santé ne pourra se développer au rythme où elle s’est développée depuis quelques décennies.
Les dépenses de santé, représentent en France 240 milliards d’euros chaque année, soient 3 662 euros par Français. La seule consommation de Soins et de Bien Médicaux (CSBM), représente 180 milliards d’euros par an, soit 2 762 euros par Français.
Une bonne partie de notre consommation de soins, est financée par une dette que nous laissons à nos enfants! « Les dépenses de santé augmente plus vite que la part des dépenses de recherche » prévient Christophe Pascal, directeur de l’IFROSS, Institut de Formation et de Recherche sur les Organisations sanitaires et sociales, invité de la dernière conférence Mardi des ingénieurs et Scientifiques, organisé par Enviscope.com et ingénieurs et Scienfifiques de France Ain Rhône.
Certes le secteur de la santé, représente beaucoup d’emplois, 1,86 million, dont 200 000 pour le seul secteur des industries de santé qui réalise un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros.
Le temps des économies
Le temps des économies est venu, avec une réduction des dépenses. Les génériques se développent, les prix de vente des médicaments sont comprimés. Des moyens moins importants devraient ralentir l’arrivée des innovations. Il n’y a pas de rupture en vue et la revue indépendante Prescrire, n’a pas décerné depuis six ans sa « Pilule d’or », qui récompense en principe les vraies innovations.
En réalité, une partie des innovations devra venir des nouvelles pratiques, de nouvelles organisations, d’une nouvelle communication. Le système de santé actuel, en France, est assez figé. Les rôles y sont strictement délimités, l’innovation pas aisée, et l’évaluation encore insuffisante.
De nouveaux comportements
La baisse attendue de la démographie médicale, n’entrainera pas forcément de catastrophe, mais pourrait au contraire être l’occasion de développer de nouveaux comportements, aussi bien de la part des personnels de santé que de la part des patients citoyens.
Il n’est pas nécessaire de recourir à un médecin pour diagnostiquer, même au téléphone, des maux bénins et orienter les patients. Il sera nécessaire de déléguer certains actes à des personnes qui ne sont pas médecins, voire qui n’appartiennent pas à des professions de santé au sens où on l’entend aujourd’hui. Les patients devront apprendre à se prendre en charge. Les visites à domicile disparaitront pour obtenir des économies. Les patients devront apprendre à payer ce qui était, et ce qui est encore, généreusement distribué souvent sans contrôle sans évaluation.
« Il ne faudra plus compter seulement en fonction de ce qui est investi dans le système et en fonction de ce que le système produit objectivement, le nombre de visite, d’actes, d’opération, de journées d’hospitalisation. Il faudra tenir compte de la satisfaction des usagers, des améliorations réellement constatées » explique Christophe Pascal.
C’est sur la prévention qu’il faut miser, investir, pour infléchir la courbe de nombreuses maladies chroniques. Il a été possible d’infléchir la courbe des accidents de la circulation, il est possible d’infléchir la courbe de plusieurs cancers, en supprimant leur cause, la consommation d’alcool, de tabac, en améliorant la qualité de l’environnement. Ce que certains pays sont parvenus à réaliser, la France peut le faire.
Cela suppose des innovations dans le domaine de la communication, la prise en compte des modes de pensée du public, des citoyens qui devront devenir plus que jamais des consomm’acteurs.