Au bout d’une longue phase exploratoire, Nick Stanage, président du groupe leader des matériaux composites à destination de l’aéronautique et de l’industrie a finalement arrêté son choix sur la plateforme chimique des Roches-Roussillon. Un investissement de plus de 200 millions d’euros et la création pour la première phase de plus de 450 emplois directs et indirects.
Les dirigeants d’Hexcel avaient décidé de faire l’annonce de leur installation sur la plateforme des Roches-Roussillon, le jour même de la certification par l’Agence européenne de sécurité aérienne (Aesa) de l’Airbus A350. Tout simplement parce que « l’A350 XWB est le premier Airbus composé de 53% de matériaux composites et le moteur Leap de CFM International [1] sera doté d’aubes soufflantes et de carters en carbone », indique Thierry Merlot, vice-président Europe, Asie et Moyen-Orient de Hexcel.
Airbus représentera à terme un marché de 5 Md$ pour Hexcel, qui fournira la fibre de carbone pour la fabrication du fuselage, 100% en matériaux composites, ainsi celle des ailes équipées de panneaux de carbone les plus grands au monde.
Conforter une filière du carbone
C’est un grand soupir de soulagement que pousse Daniel Rigaud, président de la Zone industrialo-portuaire, qui va accueillir la future usine sur un terrain de 15 hectares sur la commune de Salaise-sur-Sanne. « L’attente fut interminable, et notre soulagement grand à chaque élimination d’un site concurrent ! » C’est en effet près de 70 sites en Europe qui ont été audités par Hexcel, avant qu’ils ne retiennent finalement celui des Roches-Roussillon.
L’usine comportera une unité de fabrication du précurseur polyacrylonitrile (PAN), matière première de la fibre de carbone, ainsi qu’une ligne de fabrication de la fibre de carbone proprement dite. Cette implantation vient ainsi conforter, les deux unités du groupe déjà présentes en Rhône-Alpes : celle de Dagneux dans l’Ain, spécialisée dans la fabrication de préimprégnés et celle des Avenières en Isère, plus grande usine de tissage de carbone au monde. Cette nouvelle implantation conforte donc la filière complète : précurseur, fibre de carbone, tissage, imprégnation.
Services intégrés et économie circulaire
Pour cet électro-intensif, il fallait un prix de l’énergie compétitif, mais également un certain nombre de services, “utilities”, qu’Osiris le GIE de la plateforme est à même de proposer.
En la matière Osiris est en avance sur les autres sites. Sous la direction de Frédéric Fructus, elle assure la coordination et l’animation de l’ensemble des 15 sociétés de la plateforme en matière de sureté, sécurité, environnement, logistique, utilités et économies d’énergies.
Electricité, vapeur, azote,… autant de fluides sont ainsi fournis par le GIE, qui devient l’intégrateur d’un modèle d’économie circulaire, souvent cité en exemple en France. Les déchets ou produits dérivés des uns deviennent les matières premières des autres.
Ce fonctionnement correspond à nos règles environnementales, confirme Thierry Merlot. C’est également le modèle de développement choisi par la zone industrialo-portuaire de Salaise-Sablons qui démarre cette année un programme de viabilisation de 200 ha pour un investissement total de 120 M€.
Collectivités et industriels solidaires
Les collectivités sont en effet très présentes aux côtés des opérateurs privés. Elles auront investi sur le dossier Hexcel 8,8 M€, en infrastructures qui profiteront également aux futures implantations.
Saluée par plusieurs intervenants, cette collaboration de tous les acteurs sous la houlette notamment du député Erwan Binet et côté industriel du directeur d’Osiris, Frédéric Fructus, est certainement également une des clés du succès de cette implantation.
Après Emmanuel Macron, nouveau ministre de l’Economie, que les dirigeants d’Hexcel avaient rencontré le matin même, c’était au tour du préfet de Région, Jean-François Carenco de louer cette synergie : « Tout le monde s’y est mis, en micro-économie ».
Les travaux de construction de l’usine démarreront en 2015 pour un lancement de l’activité industrielle en 2018. Hexcel emploiera 120 collaborateurs directs, ce qui pourra induire quelque 250 emplois indirects. En 2018 l’entreprise examinera l’opportunité d’une deuxième phase d’investissements.
[1] CFM International est une société commune 50/50 Snecma (Safran) et GE.