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Changement climatique : Pourquoi ça n’avance pas ?

Charles Clemens Rüling, chercheur à Grenoble Ecole de Management et ses collègues des Universités d’Oxford et de Berlin ont étudié les raisons de l’immobilisme des sommets des Nations Unies sur le changement climatique. Ces « grand-messes » médiatiques sont devenues trop difficiles à manager, les négociations y sont trop fragmentées et les participants trop nombreux veulent y défendre leur point de vue, plutôt que de faire avancer la cause commune du changement climatique.

Malgré la très grande mobilisation des chefs d’états, hommes politiques, institutions et ONG pour assister aux sommets des Nations Unies sur le changement climatique, leur efficacité à trouver des accords mondiaux semble toute relative. Un paradoxe auquel s’est intéressé l’étude parue dans l’Academy of Management Journal[1], réalisée par Charles Clemens Rüling[2], professeur à Grenoble Ecole de Management (GEM), avec deux collègues Elke Schüßler[3], Freie Universität Berlin, et Bettina Wittneben[4], Université d’Oxford.

Des sommets trop complexes à manager

Au fil des ans, les négociations autour du marché du carbone et de sa compensation se sont complexifiées. « Les experts se sont multipliés impliquant des négociations très fragmentées et provoquant un décalage profond entre le discours politique et les négociations techniques » précise le chercheur de GEM. De plus « ce clivage et cette complexité se retrouvent lors des sommets de l’ONU. Les délégations sont plus nombreuses, les acteurs plus diversifiés et pas seulement liés au climat, les interactions entre négociateurs et ONG ne se font plus… Sous la lumière médiatique, chacun veut défendre sa cause et plus seulement celle de la lutte contre changement climatique. »

Une efficacité décroissante

Plus les conférences annuelles sur le changement climatique connaissent une popularité croissante plus leur efficacité décroit, c’est la conclusion à laquelle sont arrivés les trois chercheurs qui ont passé au crible, rapports, articles de presse, documents d’archives… des sommets organisés sur le changement climatique entre 1995 et 2012 par l’ONU.

« Cela n’a pas toujours été le cas, explique Charles-Clemens Rüling. Dans la première phase de la politique transnationale de l’ONU, les sommets annuels ont conduit à une augmentation des interactions entre les acteurs concernés et à une prise de conscience du monde entier sur l’urgence à agir. Ils ont servi de base à la mise en place de ressources communes et aux mécanismes de marché. »

Depuis Kyoto, les perceptions changent

Dès l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto en 2005, les chercheurs notent une évolution de la perception et de l’objectif de ces sommets. La mise en place du mécanisme du marché de carbone fait entrer de nouveaux acteurs sur le terrain et complique les négociations. Ce qui a pour conséquences d’accroître le nombre et la variété d’acteurs participants à ces sommets, lesquels n’ont plus pour seul objectif la lutte contre le changement climatique.

Cette étude soulève en effet la question du format de ces sommets, conçus volontairement comme des arènes très inclusives traitant de questions politiques complexes et mal définies. Les auteurs indiquent que le format actuel de ces sommets est très utile pour sensibiliser et informer l’opinion publique concernant les enjeux du climat. Cependant, ils suggèrent que de plus petits forums soient également organisés avec des questions plu simples et que les sujets abordés soient plus concrets afin de faciliter les accords.

—–

[1] Ce papier de recherche paru dans la revue académique Academy of Management Journal a obtenu le prix du meilleur papier de recherche internationale par l’Association allemande de recherche académique en gestion (VHB) le 13 juin dernier.

[2] Charles-Clemens Rüling, docteur en sciences économiques et sociales et titulaire d’une habilitation à diriger des recherches, est professeur à Grenoble Ecole de Management. Ses travaux ont été publiés dans de nombreuses revues (Academy of Management Journal, Organization Studies, Scandinavian Journal of Management, Journal of Information Technology). Ils portent sur le changement et la stabilité institutionnelle dans différents contextes, y compris la gouvernance transnationale et les industries culturelles.

[3] Elke Schüßler est docteur en sciences de gestion et professeur à la Freie Universität de Berlin. Sa recherche porte sur le changement et le la maintenance institutionnelle ainsi que les événements configurateurs de champs.

[4] Bettina Wittneben est docteur en sciences de gestion et chercheur associé à la Smith School of Enterprise and the Environment, Université d’Oxford, Grande-Bretagne. Ses travaux portent sur le changement climatique.

 

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