Quand Homo sapiens arrive en Europe venant d’Afrique il y a 40 000 ans, il y a longtemps que Homo neanderthalensis y est présent. Les deux populations vivent alors à des chronologies semblables sur les mêmes territoires, puis Néanderthal disparaît. Une des explications parfois avancées a été l’inadaptation de Néanderthal aux détériorations climatiques.
Les résultats des chercheurs montrent qu’en dépit de la détérioration climatique les Néanderthaliens auraient pu continuer à occuper les mêmes territoires si les hommes anatomiquement modernes ne les avaient pas investis.
Les chercheurs ont en effet reconstitué le climat de l’époque. Ils ont analysé la dispersion des sites occupés par les derniers néanderthaliens et par les premiers hommes modernes avec l’algorithme GARP utilisé jusqu’à présent pour prévoir l’impact des changements climatiques sur la biodiversité. Le modèle a pris en compte la localisation des sites archéologiques datés par carbone 14, les informations géographiques et les simulations à haute résolution des différents climats en Europe par le passé .
Les chercheurs ont ensuite utilisé une combinaison d’algorithmes prédictifs. Cette combinaison analyse la relation entre les sites archéologiques attribuables à chacune des deux groupes et les données paléoenvironnementales contemporaines pour prédire la région dans laquelle ces cultures pouvaient subsister. L’outil permet de projeter la distribution potentielle d’une population à une époque donnée dans une autre phase climatique de façon à vérifier, après comparaison avec la distribution réelle de sites archéologiques, si la niche originale est devenue plus petite ou si elle s’est étendue.
Les chercheurs ont identifié les territoires occupés par les premie s Homo sapiens arrivant en Europe et les derniers néanderthaliens. Ils ont compris le rôle de chaque facteur climatique dans la répartitionde chaque population.
L’algorithme indique qu’Homo Sapiens a occupé des territoires allant jusqu’à une frontière méridionale marquée par la vallée de l’Ebre pendant la phase froide. Homo Sapiens a investi le sud de la péninsule ibérique au cours de la phase tempérée suivante. L’étude conclut que les Néanderthaliens du sud de la péninsule ibérique auraient été les derniers à disparaître. Ils auraient été préservés de la compétition directe avec les hommes modernes par la phase froide, pendant laquelle les deux populations auraient exploité des territoires distincts. La disparition de Néanderthal serait donc due à la compétition avec Sapiens sapiens.
Les travaux ont été menés par des chercheurs appartenant au laboratoire « De la préhistoire à l’actuel : culture, environnement et anthropologie » (CNRS/Université Bordeaux 1/Ministère de la culture et de la communication/INRAP), au « Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement » (CNRS/CEA/Université Versailles St Quentin), au laboratoire « Environnements et paléoenvironnements océaniques » (CNRS/Université Bordeaux 1/Ecole pratique des hautes études) et à l’Université du Kansas. Ces travaux ont été publiés le 24 décembre dans la revue PLoS ONE. Article disponible à l’adresse suivante : http://www.plos.org/press/pone-03-12-banks.pdf