La première conférence économique du Pôle métropolitain de Lyon s’est tenue ce jeudi à Solaize.
Cette rencontre n’a rien appris de nouveau. On peut donc s’interroger sur la nécessité de créer un nouvel étage du ruineux millefeuilles français pour organiser une telle rencontre. Une rencontre où l’absence étaient surprenantes.
Or, comment parler économie, création d’activités, création d’emploi, déplacements quotidiens, sans parler avec toutes les parties prenantes. Assurément, le pôle prend le cap d’une vision élitiste.
Ne pas inclure la Région, c’est refuser de voir que c’est à l’échelle régionale qu’il faut appréhender les réalités. La question des relations entre les pôles de Grenoble et de Lyon, si cruciale en termes d’aménagement et de déplacement, reste en suspens.
Gérard Collomb a créé le Pôle Métropolitain pour donner une dimension supplémentaire à ses ambitions. Pour de nombreux observateurs, il prépare les municipales de 2014 en montrant aux électeurs de la ville centre qu’il les a promus au rang d’habitants privilégiés d’une métropole européenne.
Mais la métropole tourne le dos à la campagne et à l’agriculture, comme elle tourne le dos à l’industrie, qui a perdu 28 000 emplois en dix ans. Rien n’est dit sur le développement agricole pour lequel les projets du Grand Lyon ( Grand Stade) dévorent des dizaines d’hectares chaque année. Rien ne semble encore dit en matière industrielle, et on ne voit pas comment le Pôle pourrait ajouter à l’action des acteurs économiques: les pôles de compétitvité, les clusters, sont évidemment bien plus pertinents pour tisser les liens sources d’innovation.
Pour ce qui est de la recherche, le Pôle de Recherche et d’Enseignement Lyon Saint-Etienne a montré ( laborieusement ) la voie et construit son chemin évidemment sans attendre.
On ne voit pas les actions du Pôle en matière de transports,, de personnes ou de fret. Le pôle est prudemment muet sur le délicat dossier du Contournement ferroviaire de l’Agglomération lyonnais qu’il laisse à l’Etat le soin de faire avancer.
Le pôle est muet sur les liaisons entre ses deux constituantes majeures que sont Saint-Etienne et Lyon. Rien n’est dit sur un projet comme l’A 45, un axe interne au pôle puisque non destiné au transit. Sur le dossier, Lyon et Saint-Etienne ont des visions opposées. Pour les transports de travailleurs, problème lancinant, on n’imagine pas ce que peut apporter le pôle par rapport à des coopérations que peuvent nouer les autorités organisatrices de transport.
La carte ” orange” promise par le Président du Grand Lyon commence d’ailleurs à exister. Elle s’appelle Ourà et elle est bleue. Elle peut parfaitement être construite dans le cadre actuel.
Le plus gênant pour le Pôle Métropolitain que Jean-Jack Queyranne avait qualifié d’OVNI juridique, c’est que les compétences fortes qu’il met en avant sont celles de la Région. L’étape III de la décentralisation va renforcer le rôle des Régions. Et c’est heureux.