Pour Marcel Kuntz, directeur de recherche au CNRS, invité des Mardis des Ingénieurs et Scientifiques/Enviscope, les ” OGM” ne sont pas un mode de production agricole, mais une technique parmi d’autres.
Les OGM entrainent-ils un certain mode d’agriculture. C’est la critique mise en avant par les opposants qui assimilent OGM et agriculture intensive et industrielle.
Cette position amalgame une technologie et certains des usages permis par la technologie, surtout les premiers usages de cette technique. C’est la même attitude qui amène à prendre comme position le fait qu’une technique aboutit nécessairement à un type de société.
Or tout est plus compliqué, comme l’a rappelé Marcel Kuntz, biologiste, Directeur de recherche au CNRS, à Grenoble, lors d’une rencontre consacrée aux ” OGM”, organisée par lIESF Lyon-Ain-Rhône le 14 avril à l’INSA de Lyon.
Le point de départ du refus des ” OGM” a été par exemple le fait qu’en Inde des agriculteurs surendettés se seraient suicidés en raison de l’utilisation des OGM. « Or, il y a des agriculteurs qui se suicident en France aussi » explique Gérard Faure, conférencier de la soirée, alors qu’il n’y pas d’OGM en France. Les OGM n’entrainent pas en eux-mêmes une dépendance aux entreprises qui vendent les semences. Comme la technique OGM ne règle pas d’un coup de baguette magique les problèmes économiques et sociaux de l’agriculture, elle peut-même les aggraver.
Ainsi que l’a rappelé Marcel Kuntz, des plantes modifiées sont utilisées aussi largement par de petits agriculteurs, auxquels elles apportent des avantages.
Les OGM dans l’assiette
Au-delà de la production agricole, l’utilisation de semences modifiées pose la question de l’alimentation des animaux et la question de l’alimentation humaine.
Pour les animaux d’élevage, en France, 80% du soja importé est génétiquement modifié. Les enjeux ne se situent pas au niveau de la santé animale, mais au niveau des conséquences pour l’agriculture dans un contexte de marché mondial ouvert.
Quant à la question de la présence de viande OGM dans l’assiette, il faut en parler avec rigueur. « Il est impossible de savoir si la viande qui se trouve dans son assiette provient ou non d’un animal nourri avec de l’alimentation à partir de plantes modifiées, car cette nourriture a été digérée » rappelle clairement Marcel Kuntz.
La nourriture éventuellement OGM absorbée par des animaux ne peut avoir aucun impact sur la santé. Mais elle peut inquiéter bien plus pour des raisons psychologiques les consommateurs qui croient fortement aux « méfaits » des OGM… Dès lors, le refus des OGM, qui ne finissent jamais dans l’assiette du consommateur s’apparente davantage à un respectable interdit alimentaire que chacun est libre de pratiquer ou non, qu’à la prise en compte de la santé.