Le mot de compétitivité est mal compris et fait peur. C’est pourtant autour de ce mot que depuis un an, trois organisations de travailleurs ( CFDT, CFE CGC et CFTC) et trois organisations d’employeurs ( CGPME, MEDEF, Union Professionnelle Artisanale) ont réfléchi au niveau national pour proposer des réponses différentes des réponses apportées par les partis politiques ou les candidats aux élections.
Le document “Approche de la compétitivité française », publié au mois de juin 2011 a été présenté pour Rhone-Alpes ce jeudi à Lyon, par les responsables régionaux des six organisations. La conférence de presse a permis de rappeler que les travaux ont réuni au départ toutes les organisations de salariés. La CGT a quitté les réunions rapidement. Force Ouvrière a participé aux réflexions jusqu’au bout, mais n’a pas signé le texte final.
« Nous n’avions pas les mêmes points de vue sur la compétitivité. Le groupe patronal parlait de compétitivité en termes de coûts salariaux, les syndicats de salariés parlaient de compétitivité hors coûts, en incluant l’importance de l’éducation et de la formation . Le document mentionne ces points de vue différents » explique Bernard Gaud, président du MEDEF Rhône-Alpes.
Sur les constats, l’unanimité a été réalisée: le solde commercial de la France se dégrade, notre pays achète plus qu’il ne vend. La compétitivité des services recule aussi, après celle de l’industrie, alors que les importations progressent rapidement. Les part des produits importés est passée de 28% à 43% de 2003 à 2009. La France perd des parts de marché en Europe et dans le Monde. Elle occupait en Europe 15,8% des marchés, elle n’en représente que 12,9%. Ces évolutions sont lourdes de conséquences en termes d’emploi, pour les jeunes, pour les personnes âgées de plus de 55 ou 60 ans, mais aussi pour le niveau de vie, pour les espoirs d’insertion.
Les solutions sont nombreuses. Pour Elisabeth LE GAC, Sécrétaire générale de la CFDT en Rhône-Alpes, la France doit s’appuyer sur des atouts comme le Crédit Impôt Recherche, sur les Pôles de Compétitivité, nombreux en Rhône-Alpes. « Les organisations de salariés doivent participer aux travaux sur la compétitvité des entreprises, dans le domaine de la formation ». Les initiatives prises par le pôle Axelera en la matière sont intéressantes.
Bruno Cabut, premier vice-président de l’Union Patronale Artisanale Rhône-Alpes (UPA), estime que l’emploi et les performances des entreprises s’amélioreront avec une formation donnant une place plus large à l’alternance. Les petites entreprises doivent aussi attirer des salariés et leur proposer des perspectives de carrière. La France doit aussi mieux tirer partie de sa situation sur la façade atlantique de l’Europe, et au sein de l’Union européenne, avec laquelle notre pays est parfois en décalage. « Il faut mieux exploiter nos atouts géographiques porteurs d’activités non délocalisables ». Pour cela, il faut améliorer les infrastructures de transports de marchandises, le fret fluvial et le fret ferroviaire, alléger les contraintes administratives, estime Laurent Caruana, président de la Confédération Française de l’Encadrement CGC de Rhône-Alpes.
Equilibrer les échanges, vendre plus
C’est sur les échanges avec les autres pays que se mesure la compétitivité: être compétitif c’est vendre au moins autant qu’on achète! Or, la situtation française est très mauvaise: plus de 50 milliards de déficit de la balance commerciale en 2011, alors que l’Allemagne dégage un excédent de plus de 150 milliards d’euros. François Turcas, président de la CGPME Rhône-Alpes, demande un transfert de charges qui pèsent trop sur le travail, via les cotisations salariales et patronales. « Il faut aussi donner l’envie aux entreprises d’aller vendre à l’étranger » ce qui est facilité déjà par des aides nombreuses.
Il faut d’ailleurs encourager l’entrepreneuriat, l’esprit d’entreprise, développer les coopérations entre entreprises, améliorer les relations entre entreprises, construire de véritables filières industrielles. C’est ce qu’exprime Christian Cumin, Président de la CFTC Rhône-Alpes.
Pour tout cela, il faut trouver des marges de maneuvre financières, en allégeant les prélèvements qui pèsent sur les entreprises. « Ces marges doivent être dégagées au niveau de l’Etat, mais aussi des collectivités. Elles doivent permettre de financer les dépenses d’avenir comme l’éducation, la formatin, la recherche , les infrastructures » explique Bernard Gaud.
Il faut aussi modifier le financement de la protection sociale. « On ne peut pas employer des formules qui font sortir les bazookas! Il y a des mots comme TVA sociale qui rendent impossible toute discussion. L’enjeu c’est déplacer la financement de la protection sociale, du travail vers l’impôt » expluiqe le patron des patrons de Rhône-Alpes. Une voie que globalemennt les organisations de travailleurs approuvent.