Le Syndicat mixte du Rhône des îles et des lônes (SMIRIL) met en œuvre depuis plusieurs années une politique de réhabilitation des milieux alluviaux perturbés par des aménagements hydroélectriques. Le secteur couvre 707 hectares dont 430 terrestres entre le barrage de Pierre-Bénite et l’île de la Table Ronde. La grande majorité du site fait partie du domaine public fluvial, concédé par l’Etat à la Compagnie nationale du Rhône (CNR) . L’augmentation des débits réservés que cette dernière compagnie doit restituer au fleuve a permis de redonner à plusieurs milieux leurs caractéristiques.
Le SMIRIL a demandé au Conservatoire botanique national du Massif central (CBNMC) de réaliser un inventaire complet de la flore vasculaire et un pré-diagnostic de l’intérêt patrimonial de ses habitats. Le secteur est constitué du lit mineur du Rhône dont le niveau fluctue plus ou moins artificiellement au cours de l’année en fonction du débit laché par le barrage de Pierre-Bénite. Le lit mineur est flanqué de part et d’autre d’un tressage complexe d’anciennes îles (île de la Chèvre, île de la Table Ronde…) plus ou moins connectées au fleuve par des lônes souvent peu fonctionnelles. Au fil des décennies, l’abaissement du niveau du fleuve a réduit les débit traversant des bras. Cet ensemble naturel fortement perturbé est bordé à
l’est par le canal de dérivation dont les berges abruptes sont souvent enrochées, et où l’eau coule en permanence pour la navigation.
Forêt alluviale
L’ensemble du site se trouve sur les alluvions récentes du Rhône souvent couvertes par une forêt alluviale encore dominée par des Salicacées (Peupliers, Saules) mais les essences à bois durs se développent : Frênes (Frêne élevé et dans une moindre mesure Frêne à feuilles étroites), Érables (Érable plane et Érable faux platane) ou Ormes (Orme lisse et Orme champêtre). Cette forêt est bordée d’ourlets frais plus ou moins nitrophiles.
Le Rhône modèle selon la vitesse du courant, la forme de la berge et la profondeur du lit. Les plages de galets sont colonisées par des Chénopodiacées et des Polygonacées. Les berges à éléments plus fins sont colonisées par des ceintures à hautes herbes. En rive droite d’anciens casiers construits au I9ème siècle pour freiner le courant sur les rives, et les embouchures des lônes présentent des anses calmes ou des mares exondées en fin d’été, favorables aux espèces hygrophiles annuelles.
Sur les premières terrasses ou les digues proches du canal se développent des pelouses alluviales à orpins, d’ourlets xérophiles et des friches à chiendents. De nombreux bras, lônes, ruisseaux et mares ont été restaurés depuis quelques années par le Syndicat mixte. Quelques prairies ont été regagnées au centre de l’île de la Table Ronde sur des champs de maïs, sur un ancien stand de tir et sur une ancienne décharge.
Le regard porté sur ces milieux permettent de constater l’état de la biodiversité.
L’inventaire dénombre 552 espèces issues de données récentes et non douteuses. Pour la Réserve Naturelle de l’île de la Platière, plus au sud, protégée depuis de longues années, il a été dénombré 599 espèces. L a richesse floristique du SMIRIL n’est probablement pas loin d’être équivalente à celle de l’île de la Platière.
L’inventaire a permis d’identifier Carex melanostachya, une espèce rare et menacée à l’échelle nationale, exceptionnelle au sud de la confluence de la Saône avec le Rhône. Les naturalistes ont aussi repéré des populations d’Ophioglossum vulgatum exceptionnelles par l’importance de leurs effectifs.
L’étude du CBNMC, a permis d’observer 467 espèces (469 taxons) soit 84% de la flore signalée à ce jour. Le site comprend 9 espèces très rares dans le Rhône, 16 rares et 35 assez rares. Ces chiffres élevés soulignent l’originalité des milieux présents sur le territoire du SMIRIL à l’échelle du département du Rhône. Les espèces appartenant à ces trois classes de rareté sont pour la plupart typiques de l’un des 3 milieux suivants milieux humides et aquatiques liés aux grandes vallées alluviales ; les pelouses et prairies riches en bases et la forêt alluviale.
Parmi l’ensemble des taxons, 15% sont exogènes, c’est-à-dire introduits accidentellement ou volontairement par l’homme (naturalisés, subspontanés ou adventices). Le site compte plus de 80 espèces d’origine exogène. Certaines sont accidentelles et ne sont vues que ponctuellement et/ou occasionnellement, d’autres se sont
naturalisés localement (Galega officinalis) ou plus largement (Erigeron annuus) sur le site sans toutefois poser de problèmes. Enfin, certaines espèces ne se contentent pas de s’implanter mais conquièrent également de vastes surfaces au détriment de la flore locale
(genre Reynoutria).