L’augmentation, ces dernières années, de l’activité des tempêtes, en particulier dans l’Atlantique Nord3, a des impacts directs sur le littoral, soumis à des risques de submersion dramatiques pour les vies humaines, et causant des pertes socio-économiques considérables.
Les chercheurs français, suisses et américains se sont donc intéressés à l’identification des mécanismes à l’origine des périodes de tempêtes extrêmes en Europe au cours des 6500 dernières années. Université Claude Bernard Lyon1/CNRS/ ENS de Lyon
Ils ont étudié de manière inédite, une large sélection d’archives sédimentaires littorales réparties :
– le long des côtes de la Manche incluant l’embouchure de la Seine et la Baie du Mont Saint-Michel)
– de la Mer du Nord (France, Angleterre, Écosse, Irlande, Pays-Bas, Danemark, Suède) (Figure).
Les corrélations obtenues permettent de mettre en évidence une intensification drastique des tempêtes tous les 1500 ans environ. Les auteurs précisent que la récente tempête Sandy n’est en rien concernée dans cette étude. En effet, les mécanismes à l’origine des tempêtes tropicales, telle que Sandy, divergent fondamentalement des mécanismes impliqués pour la région de l’Atlantique Nord
Les résultats de leur étude montrent que l’augmentation millénaire de l’activité des tempêtes trouve son origine dans la circulation océanique en Atlantique Nord, notamment la position des gyres océaniques5 à moyenne profondeur. Un Gyre océanique est large système de vortex composé de courants rotatifs, en particulier ceux impliqués dans la dynamique des vents. Les gyres sont provoqués par la force de Coriolis
Selon les chercheurs, les épisodes froids de l’Holocène coïncideraient avec une contraction du gyre subpolaire à l’Ouest de l’Islande, associée à un déplacement vers le Sud des vents d’Ouest aux moyennes latitudes, et donc de la trajectoire des tempêtes en Europe.
En revanche, aucune corrélation cohérente n’a pu être établie entre les variations de l’activité solaire et les périodes de tempêtes extrêmes au cours des 6500 dernières années. Ces résultats suggèrent donc que les variations d’activité solaire ne constituent pas un mécanisme de forçage primaire pour la régulation de la dynamique des tempêtes à l’échelle millénaire.
Quant à l’augmentation de l’activité des tempêtes ces dernières années, elle diverge selon les auteurs de sa tendance naturelle depuis le Petit Age Glaciaire. Cette étude montre le potentiel, considérablement sous-estimé jusqu’ici, des environnements littoraux dans le domaine de la paléoclimatologie grâce à leur forte sensibilité aux changements climatiques rapides. Dans cette optique, ils s’inscrivent comme des archives prometteuses, complémentaires des archives climatiques continentales et océaniques.
Note(s):
2. Université de Caen Basse-Normandie et Université de Rouen / CNRS
4. Woolings, T., Gregory, J.M., Pinto, J.G., Reyers, M., Brayshaw, D.J. Response of the North Atlantic storm track to climate change shaped by ocean-atmosphere coupling. Nature Geoscience, doi10.1038/NGEO1438 (2012)
Persistent non-solar forcing of Holocene storm dynamics in coastal sedimentary archives. Philippe Sorrel, Maxime Debret, Isabelle Billeaud, Samuel L. Jaccard, Jerry F. McManus, Bernadette Tessier