Quand on est au milieu de l’océan, à la barre d’un voilier, on doit doit faire l’essentiel: regarder les nuages et le vent, comprendre , et s’adapter. Il faut tirer des bords pour avancer, sans perdre le cap. C’est ce comportement de marin que l’homme doit adopter alors que les crises environnementales s’imposent aux sociétés humaines. Isabelle Autissier a évoqué les ” garbage patch”, ( plaques d’ordures), des régions de l’océan couvertes de déchets plastiques en partie décomposés, qui représentent un risque surtout chimique pour la faune. La poubelle du nord Pacifique a une superficie de 3,5 millions de kilomètres carrés. Une autre zone d’ordures s’étend près de la Floride. On compte en moyenne 20 000 morceaux de plastiques par kilomètre carré d’océan, y compris dans l’Antarctique !
Pas de solution sans les autres
Tel est le message délivré à la fin de la première journée de l’Université de l’Environnement de l’APPEL par Isabelle Autissier, navigatrice, ingénieur agronome de formation, aujourd’hui aussi présidente pour la France du WWF ( Fonds Mondial pour la Nature).En mer, il n’y a ni agenda, ni montre. L’essentiel c’est d’avancer, et parfois de ne pas mourir. ” La nature répond à des règles physiques et chimiques contre lesquelles on ne peut rien. Il faut compter avec le temps. Et il n’y a pas de solution sans les autres“.
Sobriété, solidarité, durabilité: tels sont les principes de la société de demain, en train de se construire. ” Il faut renoncer à la consommation, au toujours plus” invite la navigratice en rappelant qu’une mondialisation aveugle n’est pas la solution. ” Il faut aussi raisonner à une méso-échelle, celle du quartier, du territoire. Des étudiants de Rennes ont montré qu’en réduisant la ration alimentaire près des besoins, à 1900 calories par jour et non pas 2150, en cultivant une partie des terrains de la ville, Rennes pouvait subvenir à 38% de ses besoins alimentaires”.
Relocalisation de production
Il est nécessaire de construire des systèmes urbains, agricoles plus résilients, plus robustes, moins dépendants de l’extérieur. L’agriculture de l’Ile de France est dépendante des cours mondiaux fixés à la bourse des matières premières de Chicago. Paris n’a que deux jours d’autonomie alimentaire ” Une partie des productions, agricoles par exemple, doit être relocalisée, pour assurer l’approvisionnement, réduire les consommations liées aux transports, et offrir des emplois“.
Y-a-t-il une solution globale? La décroissance est-elle envisageable? ” Il faut une certaine forme de décroissance car on ne peut pas prendre en compte la seule notion de croissance du PIB “. La science, la technologie peuvent apporter des solutions, mais pas dans une perspective d’exploitation plus intense de la planète. ” On a trouvé du pétrole au large de la Guyane, mais les conditions sont les mêmes qu’au large de la Louisiane. Il y a des risques. On ne peut pas espèrer tordre la planète comme une éponge en espérant en tirer davantage“.
Il faut donc changer de fonctionnement et les entreprises ont leur rôle à jouer dans ce changement. En tous les cas, Isabelle Autissier, présidence du WWF France, estime que les entreprises ne doivent pas être diabolisées. L’action du WWF vise au contraire à sensibiliser les entreprises en appuyant parfois où ça fait mal !