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Pollution les PCB : la leçon de l’Hudson peut servir pour le Rhône


La pollution du Rhône par les PCB ( polychlorobiphényls) n’est pas la première pollution d’un fleuve découverte. Il y a plus d’une vingtaine d’années, l’Hudson River, qui arrive dans l’Atlantique à New York, avait été aussi polluée par ces molécules utilisées dans les circuits des transformateurs. General Electric était soupçonnée, avons-nous retrouvé dans des archives, d’avoir déversé dans le fleuve entre 90 et plus de 500 tonnes de PCB.



Thimoty Vogel, aujourd’hui chercheur au laboratoire Ampère ( Université de Lyon-CNRS, à l’Ecole Centrale de Lyon) ingénieur de formation, était alors professeur à l’Université du Michigan et à l’Université d’Etat du Michigan deux principales universités publiques de l’état.


« La société General Electric était poursuivie devant le tribunal. La solution évoquée était l’enlèvement des sédiments. Cette solution était soutenue par plusieurs associations de défense de l’environnement, mais d’autres associations étaient opposées et elles mettaient en avant le risque d’une dispersion de la pollution. On a demandé à General Electric de trouver une solution applicable en cinq ans. General Electric s’est tourné vers l’Université».



Une pollution qui a évolué



Thimoty Vogel et ses collègues ont étudié les sédiments de l’Hudson. Et ils ont constaté que les PCB retrouvés dans les sédiments n’étaient pas les mêmes que ceux qui avaient été largués lors des pollutions. Les PCB sont une grande famille de molécules dans lesquelles le chlore, carbone, et hydrogène sont combinés. Le nombre d’atomes de chlore peut en particulier varier, ce qui accroît le nombre de combinaisons : on recense 209 PCB




Or, les PCB retrouvés dans le fleuve contenaient moins de chlore que les PCB déversés. L’analyse par un spectromètre de masse faisait clairement apparaître le phénomène.


« Cela voulait dire que les PCB avaient été dégradés naturellement. Nous avons voulu savoir comment. Un collègue a trouvé les bactéries responsables de cette dégradation, qui s’étaient attaqué aux PCB en remplaçant des atomes de chlore par des atomes d’hydrogène. Et ces bactéries avaient fait le travail dans un milieu sans oxygène, en milieu aérobie » explique Thimoty Vogel.



Les chercheurs ont voulu confirmer le mécanisme en laboratoire. « Nous avons rempli un bac vitré d’un mètre cube de sédiments retirés de l’Hudson et nous avons fait travaillé les bactéries, et nous avons fait la même chose avec un bac dans lequel nous avions pollué nous mêmes. Les bactéries anaérobies sont parvenues à réaliser le travail».



Mais il fallait aller plus loin, car les bactéries n’ayant pas fait tout le travail, il restait encore des PCB. Les chercheurs ont découvert que d’autres bactéries, des bactéries aérobies, vivant dans des milieux riches en oxygène étaient capables de prendre le relais. « Nous avons essayé de voir comment réagissaient ces bactéries dans un milieu enrichi en H202, c’est à dire tout simplement de l’eau oxygénée. Le résultat a été positif et la dégradation des PCB a continué. Nous avons donc suggéré de mettre au point un système permettant d’injecter de l’eau oxygénée dans les sédiments. L’opération a été réalisée dans les secteurs les plus contaminés. »



Thimoty Vogel ignore les résultats précis de l’opération. Nous avons pu savoir par ailleurs que la pêche, qui avait été interdite dans le fleuve, a été de nouveau autorisée pour les pêcheurs professionnels.



L’expérience américaine pourra-t-elle être utilisée pour le traitement de la pollution du Rhône ?


Le chercheur est évidemment prudent, car il ignore le fond du dossier, en particulier les niveaux de pollution. Une pollution importante pourrait être dégradée par des bactéries anaérobies puis par des bactéries aérobies, mais une pollution moins concentrée, pourrait peut-être difficilement être réduite. Le « rendement » de la dégradation par les bactéries dépend aussi de la concentration en PCB. Moins il y a de PCB, moins les bactéries qui aiment le PCB sont nombreuses, et comme les bactéries ne sont pas dressées pour chercher les dernières traces, elles laissent des restes.



Ce témoignage signifie peut-être que la pollution du Rhône est gérable, et surtout qu’il faudra s’inspirer de l’expérience américaine pour réaliser la pollution au moindre coût. Tout n’est pas à réinventer !


michel.deprost@free.fr




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