Le projet de restauration du jardin de Rocaille de l’Ermitage de Saint-Cyr-au-Mont d’or, près de Lyon a reçu le prix régional du Patrimoine Rhônalpin.
Le Jardin est un univers clos, entouré de rocailles, des constructions de pierres liées au ciment, sur les formes du relief calcaire d’une ancienne carrière. C’est un univers de sept cents mètres carrés, coupé du monde, de reliefs sortis de l’imagination, où l’on chemine devant les stations d’un chemin de croix, où coulait jadis l’eau de petites fontaines. En quelques pas, on prend de la hauteur et l’ample paysage de l’agglomération se montre dans le lointain bleuté, au delà du moutonnement vert qui descend des Monts d’Or, jusqu’à un croissant de Saône qui éclaire dans une perspective inattendue, le pied de la colline de Fourvière. La vierge blanche vigie du jardin se tourne par la vierge dorée de la basilique.
Univers imaginé, mais dominant le monde avec calme et bienveillance, le jardin de Rocaille de l’Ermitage du Mont Cindre, pourrait n’être que la rêverie naïve du frère ermite Damidot qui pendant trente ans, à l’écart de la ville, fabriqua ce se paradis de calme, ce cloitre de silence.
Au delà de l’image surannée, il faut imaginer, en nos temps de tumulte, la démarche de cet homme épris de silence, qui trouvait déjà dans la proximité de la nature, dans la création, un sens. Comme bien des sommets de colline, le Mont Cindre, à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, a abrité une chapelle depuis peut être sept siècles. Quelque part le lieu était déjà cosmique. Alors qu’en bas, la ville pousse et rugit, Emile Damidot édifie son jardin.
C’est un écologiste avant l’heure. Il construit de ses mains avec des éléments de récupération, des pierres, du métal. Tout sort de son cerveau et de ses mains de génial artisan qui voit grand et loin. Dans le jardin, qui jouxte la chapelle et un potager, Damidot plante sauges, mélisse, lys, rhubarbe, hémérocalles. Damidot recueille l’eau pour la faire jaillir de grottes.
Mais tout cela a vieilli. Un siècle de vie trépidante a laissé le jardin tomber dans l’oubli, à ‘l’écart de la ville. Les mortiers sont fendillés, les pierres ont joué, les plantations ont perdu de leur éclat. Les temps et les intempéries ont fait leur travail d’érosion.
Cependant, le Jardin de rocaille retrouve du sens, pas seulement comme témoin nostalgique d’une sensibilité qui aurait passé de mode. Le Jardin de rocaille comme l’Ermitage fait partie du patrimoine auquel les habitants sont attachés.