La science ne pourra plus se développer indépendamment de la société. Voire contre l’opinion. Tel est le fil conducteur des échanges qui se sont tenus ce mercredi matin, lors de la dernière matinée du Forum mondial des Sciences de la Vie BioVision qui a fermé ses portes en fin de matinée, après quatre jours de rencontres marquées par une fréquentation en retrait, en raison de la conjoncture économique.
La nécessité du rapprochement entre scientifiques et société est évidente. Les scientifiques veulent gagner la sympathie de la société. Pour être soutenus par elle. Pour faire comprendre au reste de la société, que la science travaille pour son bien. Les méthodes sont diverses. Il faut que les scientifiques sachent se rapprocher des journalistes et des médias, même si ces derniers laissent à bien des scientifiques le souvenir d’expériences négatives (1)
Alice Dautry, présidente de l’Institut Pasteur estime qu’il faut monter que la science a un visage humain. ” Montrer des femmes qui ont des enfants et qui sont chercheuses peut rassurer. Il faut parler de la vie, monter qu’on fait partie de la société. » Plus directement Daniel Zajfman, directeur du Weizman Institute (Israël), rappelle qu’il ne faut pas « aider la science mais aider les scientifiques». Le président de l’Institut Weissman insiste sur l’importance de l’excellence scientifique en misant sur la passion et la curiosité. « Il ne faut pas recruter des personnes qui cherchent un emploi, mais des personnes qui cherchent des responsabilités et quand un professeur de biologie part à la retraite, nous ne le remplaçons pas par un professeur de biologie, mais par le meilleur scientifique que nous pouvons recruter»
Utilité de la science
Les scientifiques devront aussi démontrer l’utilité de la science, par exemple montrer les progrès réalisés dans la lutte contre les maladies infectieuses. Il faudra aussi développer la recherche dans les pays où se posent les problèmes. « Il faut non seulement former des scientifiques dans les pays du sud, mais aussi faire de la recherche sur place” affirme la présidente de l’Institut Pasteur.
Car la science est devenue complètement planétaire, dans ses applications bien sûr, comme dans les lieux qui la produisent. Philippe Kourilsky, président du SIngapour Immunology NetWork ( SIgN) a rappelé le formidable appel que constituent les pays asiatiques, en particulier Singapour. La Ville Etat a décidé en 2001 d’investir 7,2 milliards d’euros dans la constitution d’organismes hébergés par A STAR (Science and Technology and Research), une agence publique qui supervise les efforts de recherche en particulier dans le domaine des sciences de la vie. « L’objectif de ces recherches est bien le transfert ver s l’industrie de santé, dans les secteurs médical, de la pharmacie, des biotechnologies” a expliqué Philippe Kourilsky. Le projet Biopolis, qui représente 200 000 mètres carrés d’installations est sorti de terre en deux années, de 2006 à 2008. Deux mille des quatre mille chercheurs qui doivent y travailler y sont déjà actifs. On y parle soixante dix langues. Le projet Fusionpolis, consacré aux sciences physiques, doit réunir lui 5 000 personnes. « Les autorités de Singapour ont décidé d’inclure la science dans la Cité. On trouve dans ces zone des restaurants, des salles de sport, un théâtre. Le problème n’est pas l’argent, on ne parle jamais d’argent» explique Philippe Kourilsky qui donne une idée de l’investissement de sociétés asiatiques.
L’engagement financier peut être important aux Etats-Unis où, rappelleElias Zerhouni, ancien directeur du National Health Institute, des moyens importants peuvent être investis pour obtenir des résultats qui se traduisent en retombées concrètes pour la santé publique et pour l’économie. Il faut investir, mais les résultats ne sont jamais linéaires.
Pour en savoir plus sur BioVision: www.biovision.org
