L’accord final de la Conférence sur le Climat est décevant ?
Michel Havard: Nous, Européens nous sommes déçus par rapport à des attentes qui étaient importantes, or nous devons comprendre aussi la vision d’autres peuples. Mais il y a un accord à Copenhague, qui même s’il est un accord politique non contraignant, réunit l’engagement de 192 pays et ce n’est pas si fréquent. C’est un progrès, cequi n’était pas évident. Il a fallu que le président de la République française intervienne, agisse avec le président brésilien Lula, avec la Chancelière Merkel, avec Gordon Brown et Manuel Zapatero, pour faire évoluer la situation et le Brésil a accepté des concessions en ce qui concerne la déforestation. D’ici à la fin du mois de janvier, c’est bientôt, tous les pays devront remettre leur feuille de route pour atteindre l’objectif d’une augmentation maximale de 2 degrés. Ces feuilles de route seront sans doute divergentes, elles dépendront de la situation de chacun, mais le travail va continuer.
Les points de vue sont inconciliables ?
Michel HAVARD: Il y a trois groupes de parties prenantes. Il y a les régions développées, l’Europe qui demandent des actions rapides. Il y a le groupe des pays en pleine croissance, très peuplés qui ne remettront pas en cause leur développement. Nous avons rencontré des Brésiliens, des Indonésiens, des Mexicains : ils ne ralentiront pas leur développement. Ces pays comptent encore énormément de gens pauvres, qui ont faim, qui ont soif, qui ont besoin de logements. Ces pays recourront à des technologies plus propres, ils accroitront leur efficacité énergétique, ils s’y sont engagés, mais ils émettront davantage.
Et pour les pays les moins avancés?
Michel Havard: Et il y a les pays les moins avancés, en particulier en Afrique. Ces pays doivent être aidés, à la fois pour l’atténuation des modifications climatiques et pour l’adaptation à ces évolutions.
Ce sont trente milliards de dollars de qui ont été débloqués pour trois ans, 2010, 2011 et 2012 et il y a un objectif de consacrer en 2020, 100 milliards par an pour l’atténuation et l’adaptation climatique. Il y a même un engagement d’étudier un mode de financement propre et fléché, d’ici 2020, pour financer ces actions. Ce financement sera assis sur les billets d’avions, sur les transactions financières, on ne sait pas, mais les Etats Unis, la Chine et les autres se sont engagés à étudier de financement.
Le bilan de la Conférence ?
On est loin, c’est certain de ce que à quoi pensaient les Européens. Mais on ne peut pas dire que Copenhague n’a rien donné. Un jour, dans dix ans, on dira sans doute que Copenhague, même en étant imparfait, a été le départ, une nouvelle étape dans l’action.
L’Organisation Mondiale de l’Environnement est-elle pour demain ?
Michel Havard: Là encore, le sujet était abordé pour la première fois, il était peut être illusoire de croire que la proposition allait être retenue immédiatement. Mais l’idée d’une Organisation européenne de l’Environnement a été retenue et cette organisation sera le point de départ de la future organisation mondiale.
Vous devez rendre un rapport sur les modes de calcul des émissions de CO2. Qu’avez-vous constaté ?
Michel Havard: Je remets ce rapport au président de la République avant la fin de l’année et je le commenterai au président en janvier. Je peux dire, après avoir étudié plusieurs systèmes, que le mode français de comptabilité des émissions est performant.
Recueilli par Michel Deprost