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Ecologica, d’André Gorz

Les éditions Galilée viennent de publier un ensemble de textes d’André Gorz ( 1923-2007) parus entre 1975 et 2005. Ces textes permettent de comprendre l’évolution d’un des fondateurs de la pensée écologiste en France, depuis un demi-siècle.


Le plus ancien, c’est “l’idéologie de la bagnole”, un texte de 1975, inspiré parfois d’Ivan Illich, dans lequel Gorz rappelle comment la voiture, objet « bourgeois » au départ, destiné à distinguer les plus riches est devenu le signe d’un « comportement universellement bourgeois », un objet de luxe dévalorisé par sa diffusion. Il y a plus de trente ans, reprenant Illich, Gorz pointait l’absurdité technique et sociale de la voiture transformée en outil dominant de la mobilité. Il diagnostiquait alors d’une manière prémonitoire l’étalement urbain, l’asphyxie, le déclin des transports publics. Visionnaire, il imagine des pools de voitures communales qui préfigurent l’autopartage ou Auto Lib développées par Lyon et Paris.


Le recueil reprend « croissance destructive et décroissance productive », d’Adieu au prolétariat ( 1990). Dans ce texte, André Gorz explique que le capitalisme, à la recherche de toujours plus de rendement, valorise de plus en plus des artifices, qu’ils soient spéculatifs, ou qu’ils soient objets déconnectés des besoins suffisants. Gorz décrit nos désirs et nos besoins amputés par l’omniprésence des propagandes commerciales.


Expertocratie et écologie



Dans « L’écologie politique entre expertocratie et autolimitation » ( Actuel Marx, daté de 1992) André Gorz rappelle qu’il y a pour lui deux écologies : une écologie scientifique et une écologie politique, qui recouvrent deux démarches distinctes« interconnectées ». Et pour lui, la démarche politique n’est pas une conclusion de la démarche scientifique. Pour André Gorz, l’ écologie scientifique s’intéresse aux interactions entre les sociétés humaines et l’écosystème terrestre. Elle cherche déterminer les techniques et seuils de pollution écologiquement supportables, c’est-à-dire les conditions dans lesquelles le système industriel peut se développer sans porter atteinte d’une mani ère irréversible à l’écosystème. C’est ce qu’on appellerait aujourd’ hui le pan environnemental du développement durable. Cette écologie scientifique donne naissance à une « extension du pouvoir techno-bureaucratique », et gomme le politique en le remplaçant par « l’expertocratie »



La nature à défendre


Or pour André Gorz, le mouvement écologique est antérieur à la crise écologique de l’écosystème. Pour lui l’écologie c’est une protestation spontanée contre la destruction de la culture du quotidien ». L’écologie, c’est la défense des habitudes allant de soi. La « nature » dont le mouvement exige la protection n’est pas la Nature des naturalistes ni celle de l’écologique scientifique : c’est fondamentalement le milieu qui paraît « naturel » parce que ses structures et son fonctionnement sont accessibles à une « compréhension intuitive». L’écologie, c’est la défense du monde vécu, par rapport au monde complexe, au monde des appareils, des technologies. C’est la défense du droit des individus de vivre comme ils l’entendent contre les contraintes qu’on veut leur imposer. Cette grille de lecture donnée il y a près de vingt ans permet bien de comprendre , au-delà des risques objectifs, les position anti-nucléaire, les oppositions radicales à certaines infrastructures, à certaines technologies : OGM, nanotechnologie, téléphonie mobile, Wifi, pesticides.


Dans “Richesse sans valeur et valeur sans richesse”, de 2005, de André Gorz, s’interroge sur la signification de la richesse et des indicateurs de richesse, en soulignant que la croissance , telle qu’elle est calculée, ne fait qu’indiquer la croissance des échanges monétaires. Or, il est évident qu’il faut prendre en compte des critères autres, les indicateurs classiques considérant comme richesse ce qui ne l’est pas, et ne prenant pas en compte, ce qui est important pour les êtres humains. Le travail salarié lui-même, souligne, André Gorz est pris dans le piège de sa relation au capital, au produire plus d’argent. André Gorz prévoit donc la fin d’un capitalisme en proie à des contradictions croissantes.


Ecologica, André Gorz, 162 pages, 25 euros.



Globalement, André Gorz estime que le capitalisme est condamné, ne peut plus fonctionner. Il a dans sa logique de toujours plus, dans sa domination de la production et de la consommation, porté atteinte à la planète. Le capitalisme n’a pour partie cherché sa survie que dans économie de rente, créant des marques, qui ne créent pas davantage de richesse. André Gorz opposé à cette économie de rente, les possibilités offertes par l’économie du numérique, dispensatrice selon lui de gratuité.


Il dénonce face aux possibilités techniques, les limites imposées selon lui à la diffusion gratuite des connaissances. Pour lui, Internet et le numérique minent l’économie payante, donc le capitalisme.


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