Comment comprendre le refus du gouvernement d’enclencher une réduction de 10 Kilomètres à l’heure de la vitesse sur les routes et sur les autoroutes ?
La réduction des vitesses de 10 km/h sur routes et autoroutes a fait l’objet d’un consensus au sein de l’atelier transport du Grenelle de l’environnement, auquel j’ai participé personnellement. Elle aurait un impact direct sur la consommation de carburant. On peut estimer que cette réduction entraine une diminution de 6% environ de la consommation. Elle entrainerait aussi une réduction des émissions. L’économie de CO2 émis par les voitures pouvant atteindre un million de tonnes par an sur les autoroutes et 800 000 tonnes sur les routes ce qui doit être comparé aux 150 millions de tonnes émises annuellement dans le secteur des transports en France.
Voyez-vous d’autres impacts à cette réduction ?
Cette réduction ne serait qu’un alignement sur les vitesses réglementaires de bien d’autres pays européens. Elle inciterait les constructeurs à mettre en vente des véhicules moins puissants. En effet, ils proposent aujourd’hui des véhicules capables de rouler à 200 kilomètres à l’heure, alors que la vitesse maximale est de 130 ou 120 kilomètres à l’heure. L’écart grandirait entre vitesse maximale autorisée et vitesse maximale des véhicules et les constructeurs seraient incités à proposer des véhicules moins puissants.
Il y aurait donc un effet en cacade qui limiterait la consommation à tous les régimes et à toutes les vitesses, même en circulation urbaine. La réduction contribuerait à la sécurité routière, diminuerait les nuisances sonores de la circulation et favoriserait un peu le report du trafic sur le rail.
Il y aurait un effet sur le commerce extérieur?
Evidemment, cette réduction permettrait une économie pour le pays. Mais on constate beaucoup d’incohérence, personne ne réagit ou ne se plaint devant la montée des prix de produits alimentaires, qui est un vrai problème social, alors que face à l’augmentation des prix du carburant, on assiste aux mêmes réactions que par le passé. On oublie même que le prix du carburant a baissé en termes réels par rapport aux salaires d’il y a trente ans.
On ne fait pas prendre conscience aux Français du caractère inéluctable de cette hausse. On en revient même, par exemple avec le Parti socialiste, à la fameuse TIPP flottante, alors qu’il faudrait vraiment dire au public que le moment est venu de changer de comportement comme l’a dit Catherine Lagarde ministre de l’Economie en incitant à pédaler…
Comment expliquer ce refus ?
C’est Nicolas Sarkozy qui a tranché en refusant une mesure qui avait pourtant le soutien de tous les participants des associations au MEDEF. Pourtant d’autres mesures comme la taxe carbone n’ont pas été refusées, même si pour la taxe carbone, elle est mise à l’étude. L’écopastille a été acceptée.
Ce refus est d’autant plus surprenant que d’autres décisions comme l’arrêt de l’amnistie des infractions routières ont quand même été prises. Enfin une telle mesure pourrait être appliquée immédiatement pour un coût négligeable, et son acceptabilité sociale ne pose pas de réel problème : 68% des Français y sont favorables, selon un récent sondage BVA, et 57% des Français sont favorables à une réduction à 80 km/h de la vitesse sur les routes départementales, d’après un autre sondage IPSOS réalisé pour les Automobile-Clubs.
Comment faire avancer l’idée?
Nous interrogeons avec d’autres associations les députés en leur demandant de déposer une proposition de loi allant dans ce sens. Même là encore, nous ne nous faisons pas d’illusion, car Ce refus est sans doute liée à l’arrivée des prochaines échéances municipales, dans lesquels se trouvent engagés bien des députés de la majorité qui cumulent les mandats sans pour autant que l’opposition ait davantage de volonté en la matière.
Mais chacun peut réduire de lui-même sa vitesse et réaliser des économies.
Recueilli par Michel Deprost
