Bioéconomie

La forêt privée iséroise souffre de morcellement extrême

Le forêt privée dans le département de l’Isère s’étend des 178 000 hectares et représente 70% de la forêt du département. Les forêts publiques appartenant à l’Etat ou aux Communes, représentent  30% des surfaces boisées, largement dans les secteurs de montagne, dans les vallées. De nombreux sommets, comme la barre des Ecrins dans les Hautes-Alpes, sont considérés comme appartenant au domaine forestier public, même s’il n y pousse pas d’arbres.

Certains propriétaires ne savent pas qu’ils possèdent des forêts

Les forêts domaniales comme celles des communes forestières dont beaucoup adhèrent à l’Association des Communes Forestières de l’Isère, Cofor 38, ont un avantage : elles bénéficient d’une unité de gestion dans le cadre des missions de l’Office National des Forêts.
Les forêts privées elles, sont très handicapées, comme cela a été rappelé lors du colloque organisé samedi 22 juin dernier, par la Cofor 38 sur la forêt de protection. Les 178 000 hectares de forêts privées sont détenus par 92 000 propriétaires privés. Cela n’est pas propre à l’Isère : en Rhône-Alpes, 1,5 million d’hectares de forêts privées sont détenus par 450 000 propriétaires, dont beaucoup ne savent même pas qu’ils détiennent un terrain planté de chêne, de châtaigner, de hêtre ou de résineux !

Certaines propriétés importantes représentent des centaines d’hectares, comme une propriété au nord de Belledonne, mais des milliers d’autres ne mesurent que quelques ares.

Déclin de l’agriculture en Belledonne

Le morcellement de la propriété est une réalité partout. En Belledonne, explique Henri Gras, président de l’Union des Groupements Forestiers de l’Isère (UDGFI), l’agriculture de montagne occupait largement le territoire. Malgré les mariages, les propriétés n’ont pas été agrandies. « Vers les années cinquante soixante, une forte demande d’ouvriers vers les papeteries a mis fin à cette agriculture et les agriculteurs ont reçu des aide pour planter des résineux ou d‘autres essences » explique Henri Gras. Aujourd’hui l’agriculture en Belledonne se réduit à quelques élevages laitiers, et la forêt n’a cessé d’être divisée.

Les Groupements forestiers essaient sous la houlette du Centre régional de la Propriété Forestière de Rhône-Alpes (CRPF), de rapprocher les forestiers privés. L’Union des groupements pour le développement Forestiers de l’Isère, réunit sept groupements pour 1600 adhérents. Le groupement de Belledonne réunit  345 adhérents pour 1 925 hectares.
La coordination des travaux, les échanges de parcelles, la création de pistes, des efforts de commercialisation, permettent d’entretenir un certain dynamisme.

Le dos au mur

Mais la forêt semble avoir le dos au mur. Les propriétaires forestiers vieillissent. Certains auront du mal à transmettre. Pour le moment ce mouvement n’est pas enrayé. Les rapports, les lois n’ont pas inversé la tendance. En allégeant la fiscalité sur la forêt, on a rendu les propriétaires les plus petits encore plus indifférents. Les échanges de parcelles ne fonctionnent qu’à la marge.

Imposer tous les propriétaires

Il faudrait pour vraiment faire bouger le monde de la forêt, imposer tous les propriétaires. Ce que refuse de faire le ministère du Budget : l’impôt couterait plus cher à établir et à collecter qu’il ne rapporterait ! C’est certain. La solution peut venir d’une imposition tous les cinq ans avec un vrai impôt qui “réveillerait” les propriétaires.

Une autre piste consisterait  à exploiter les forêts privées, quand elles se trouvent près de forêts déjà exploitées, en versant aux propriétaires le produit de la vente, une fois déduit les frais d’exploitation. Quelle que soit la solution, il est urgent d’agir pour la forêt,  milieu naturel entretenu par l’homme et source de matériaux de construction et d’énergie…

michel.deprost@enviscope.com

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